Histoire

Antiterrorisme : le contentieux entre l’Inde et le Pakistan, clé du conflit afghan ?

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Le 11 septembre 2001, les tours jumelles du World Trade Center s’effondrent. Les Etats-Unis découvrent sur leur propre sol le danger que représentent les groupes jihadistes. Du coup, le Pakistan, qui instrumentalise certaines de ces factions pour se protéger de ses voisins indien et afghan se retrouve sur la sellette. Dans son discours du 12 janvier 2002, le président Pervez Musharraf se désolidarise donc fermement des talibans afghans, longtemps parrainés par Islamabad mais qui viennent de tomber sous les coups de la coalition alliée. Avec solennité, il engage son pays dans la lutte contre le terrorisme... mais ne souffle mot des groupes armés qui se battent pour la libération du Cachemire.

Au Pakistan, le Cachemire a une importance vitale. Sur le plan symbolique, car Islamabad estime que cette région à majorité musulmane aurait dû lui revenir au moment de la dissolution de l’Empire britannique en 1947 (lire ci-dessus). Sur le plan politique aussi, car cette cause sacrée est depuis l’indépendance du pays un des ciments de son unité nationale face au gigantesque voisin indien. La centralité de l’enjeu cachemiri pour le Pakistan pousse aujourd’hui certains experts américains à se demander s’il n’est pas la véritable clé du conflit afghan où les Occidentaux sont empêtrés : dans le cas où une solution négociée entre l’Inde et le Pakistan permettait de résoudre le conflit cachemiri, Islamabad n’aurait plus besoin de soutenir des groupes terroristes face à l’Inde, pronostiquent-ils.

Sans réel succès jusqu’à présent, les Etats-Unis tentent donc de faire pression sur le Pakistan, leur vieil allié, et sur l’Inde, dont ils se sont beaucoup rapprochés depuis la fin de la guerre froide, pour qu’ils trouvent enfin un accord.

En réalité, estime un diplomate européen ayant requis l’anonymat, une résolution du conflit cachemiri n’aurait pas, ou peu, d’incidence sur celui d’Afghanistan. " Les protagonistes du conflit afghan ont leurs propres objectifs, qui ne dépendent guère d’Islamabad, ou des groupes terroristes pakistanais oeuvrant pour la libération du Cachemire. Quant à imaginer que les Pakistanais vont calmer leur paranoïa vis-à-vis de l’Afghanistan si on résoud le conflit cachemiri, c’est de la foutaise. " De fait, le Pakistan ne cesse de pointer du doigt la présence croissante de New Delhi dans le pays d’Hamid Karzaï - le chef d’Etat afghan a fait ses études en Inde... Ouverture de plusieurs consulats indiens, aide d’un milliard de dollars, etc. A Islamabad, des analystes accusent surtout les services indiens d’appuyer secrètement des groupes séparatistes au Balouchistan pakistanais. Voire des talibans pakistanais.

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