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La bonne idée 8 : 50 % de salariés dans tous les conseils d’administration

 - Modifié Il y a 4 années 3 min
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Renforcer le pouvoir des salariés au sein des entreprises est urgent. Depuis trois décennies, un profond mouvement de financiarisation des entreprises les pousse à privilégier le court terme dans leurs décisions stratégiques au détriment des intérêts industriels. C’est logique : le PDG tire son mandat du conseil d’administration. Ses objectifs sont donc alignés sur ceux des actionnaires qui forment ce conseil et qui sont souvent prêts à vendre leurs parts si les profits ne sont pas rapidement au rendez-vous. Et les cadres dirigeants suivent la ligne du PDG, qui les désigne.

La priorité de ces gouvernants est ainsi la rentabilité immédiate dans le but de dégager des dividendes. Pour réorienter les stratégies des entreprises vers des objectifs de plus long terme, il est essentiel de renforcer la présence des salariés au sein des conseils d’administration, car ces derniers portent l’intérêt des salariés, mais aussi celui de notre société de manière plus générale.

Une loi suffit 

Si l’Allemagne a mieux résisté à la crise de 2008 que la France, c’est notamment grâce à la règle qui oblige les moyennes et grandes entreprises à avoir 50 % de salariés au sein de leur conseil d’administration. Au lieu de licencier, les entreprises d’outre-Rhin ont misé sur une réduction collective du temps de travail, avec le moins possible de diminution des salaires. Les 32 heures ont été instaurées à certains endroits. Ces réductions du temps de travail permises par les gains de productivité sont le débouché d’une solution collective dans l’élaboration de laquelle les admi­nistrateurs salariés ont une place déterminante. Côté français, les entreprises ont profité de la crise pour dégraisser et mettre des salariés au chômage, ce qui s’est avéré négatif socialement, mais aussi pour le développement économique du pays.

Au lieu de licencier les salariés, les entreprises d’outre-Rhin ont misé sur une réduction collective du temps de travail, avec le moins possible de diminution des salaires

La codétermination allemande n’a cependant pas empêché des entreprises comme Volkswagen de tricher allègrement sur les normes de pollution. Il faut, pour y remédier, que les administrateurs salariés soient en contact permanent avec ceux dont ils tirent leurs mandats, avec des clauses de confidentialité extrêmement limitées. Il faut aussi créer un droit de refus, d’alerte et d’alternative pour garantir aux cadres un plein exercice de leur responsabilité professionnelle en faisant primer l’éthique et l’intérêt général.

Pour imposer 50 % de salariés au sein des conseils d’administration en France, il suffit d’une loi. Son adoption suppose de s’attaquer à des lobbies patronaux, qui n’ont toujours pas accepté un débat contradictoire au sein des entreprises. 

Sophie Binet est secrétaire générale adjointe de la CGT des ingénieurs et cadres et techniciens.

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Commentaires (1)
Corinne Vercher chaptal 12/08/2019
D’autant qu’en plus de représenter une avancée démocratique la codetermination peut améliorer les performances de l’entreprise https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-02141400v1
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