Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté

La période mythifiée des Trente Glorieuses, où la croissance française atteignait 6 %, est bel et bien terminée. Il faut en prendre son parti, affirme Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté. Si la croissance lui paraît nécessaire dans les pays les plus pauvres, il pense que les pays les plus riches peuvent s’en passer. Pour lutter contre la pauvreté en leur sein, il existe d’autres remèdes, comme la garantie d’emploi par exemple, qui consiste à créer de nombreux emplois publics pour lutter contre le chômage, et comme le partage du temps de travail. Pour appuyer sa démonstration, il rappelle que la croissance, dans les pays riches, est devenue « contre-productive » et ne fait que « moderniser la pauvreté sans l’éliminer, en plus d’exercer une pression insupportable sur les capacités de la planète ». Car au-delà d’un certain seuil de richesse, l’augmentation du PIB n’est plus corrélée à une amélioration du bien-être subjectif des populations. Un point de vue qui fait débat mais s’appuie sur une argumentation solide..