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Cynthia Rogers : bloquée dans le ghetto

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Il en faut peu pour tomber dans la misère aux Etats-Unis. Et en sortir relève de la mission impossible quand, comme Cynthia, on vit dans un quartier défavorisé.

Bien que Cynthia Rogers, la quarantaine, fasse confiance à Barack Obama pour redresser la barre, sa vie ne s’est pas améliorée depuis 2008. Son fils aîné est certes sorti de prison, où il était entré pour vol à main armé alors qu’il était encore mineur. Mais sa fille a mis au monde un second enfant, qu’elle élève seule. Comme sa mère et la plupart des femmes de ce quartier défavorisé de Port Arthur, sur le golfe du Mexique, à quelque 150 km à l’est de Houston. Quant au second fils de Cynthia, âgé de 12 ans, il est autiste. Sa mère ne voit pas comment le préserver, lui et sa plus jeune soeur, de la misère, des discriminations et de la violence qui règnent dans cette ville texane noire à 40 % (contre 12 % dans l’Etat et 13 % nationalement), où le taux de pauvreté atteint 24 % (contre respectivement 17 % et 14 %).

"J’aimerais que mes enfants évoluent dans un environnement plus divers. Mais ici, les Noirs vivent avec les Noirs et les Blancs avec les Blancs", regrette Cynthia, qui est née à Hawaï et a grandi dans différentes régions des Etats-Unis car son père était militaire. Sa mobilité a pris fin à la naissance de son premier enfant, qui l’a amenée à quitter l’université pour emménager avec le père. Mauvaise idée : drogué, violent, celui-ci n’a laissé sa compagne en paix que quand elle l’a dénoncé à la police pour trafic de stupéfiants.

Cynthia est parvenue à se protéger de cet homme qui la battait, mais pas à refaire sa vie. Ni à garder un emploi durablement. Et même si les raffineries de pétrole sont installées juste au bout de sa rue, Cynthia Rogers ne croit pas à la possibilité d’y décrocher un emploi. La manne de l’or noir n’atteint pas le ghetto.

Pourtant, "quand on est petite fille, on ne se dit pas que l’on va vivre des allocations", souligne la mère célibataire. Après avoir applaudi à la réélection d’Obama, elle qui n’aurait jamais cru qu’un Noir puisse accéder un jour à la magistrature suprême, elle garde foi en son destin et dans les capacités de son pays à se réinventer.

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