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Entreprises grévistes pour le climat : du greenwashing ?

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Marche pour le climat à Paris, le 20 septembre 2019. Des entreprises ont fermé leurs portes pour inciter les salariés et les clients à y participer. PHOTO : © Nicolas TAVERNIER/REA

Retrouvez la chronique « Ma vie au boulot » de Sandrine Foulon, rédactrice en chef d’alternatives-economiques.fr, tous les samedis matin dans l’émission d’Alexandra Bensaid, On n’arrête pas l’éco sur France Inter (à 42’50). Vous pouvez réécouter celle du 21 septembre 2019.

 

Des entreprises incitent leurs employés à descendre dans la rue pour défendre le climat. Est-ce une façon, vous demande Hugo, de s’acheter une conscience verte à peu de frais ?

Des employeurs grévistes, c’est assez nouveau. On a vu des proviseurs, des profs, des parents très favorables à ce que les lycéens manifestent contre le réchauffement climatique. Là, ce sont des entreprises qui incitent leurs employés et leurs clients à se joindre à cette mobilisation mondiale pour le climat.

Hier, la marque de vêtements californienne Patagonia a fermé toutes ses boutiques dans le monde et recommencera vendredi prochain. Accessoirement, les salariés seront payés comme une journée normale de boulot, c’est une fermeture imposée par la direction.

La chaîne de prêt à porter Burton a aussi baissé le rideau. Et ce n’était pas la peine d’essayer d’acheter en ligne. L’enseigne redirigeait les clients vers le site de la Grève mondiale pour le climat. En plus de fermer ses bureaux, l’entreprise de produits de nettoyage Seventh Generation, du groupe Unilever, a offert pendant une semaine son temps de spots publicitaires télé aux organisateurs du mouvement pour le climat. Chez Ben & Jerry’s, il n’y avait personne au siège ni dans les boutiques. Le glacier a ralenti la production dans ses usines. Ce n’est pas encore un raz de marée, mais partout dans le monde des entreprises comme Zalando, Flixbus ou Levi’s incitent leurs salariés à défendre la planète. Pour une fois, ne boudons pas notre plaisir.

C’est pour la bonne cause mais est-ce quand même aussi une manière de se faire de la pub ?

Evidemment. C’est difficile de trouver une entreprise qui ne se dise pas bio, écolo, durable, responsable. Mais ce n’est pas qu’une question de com’. Les employeurs savent que leurs clients et leurs salariés sont de plus en plus sensibles aux questions climatiques. Les salariés d’Amazon ont décidé, à leur initiative, de faire une grève, une vraie cette fois, pour dénoncer les pratiques peu responsables du géant de la livraison. Leur patron, Jeff Bezos, a entendu le message cinq sur cinq. Il a promis cette semaine d’atteindre les engagements de l’accord de Paris avec 10 ans d’avance.

Hugo, oui il y a une contradiction à voir des entreprises qui poussent à la consommation verdir leur discours. Elles produisent par nature et contre la nature. La mode est l’une des industries les plus polluantes au monde. Elle est à l’origine de 10 % des émissions de CO2. En Europe, entre 4 et 6 millions de tonnes de vêtements sont jetés et détruits chaque année. L’industrie numérique, ce n’est pas mieux. Fabriquer un smartphone, ça pollue. Regarder une vidéo en ligne c’est catastrophique. Envoyer un e-mail à un collègue avec une pièce jointe revient à laisser une ampoule allumée pendant 25 minutes. Les entreprises sont-elles prêtes à produire moins et nous à résister plus ? Il faudra sans doute beaucoup de grèves contre le réchauffement climatique.

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