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France, ton indépendance alimentaire fout le camp !

2 min

Cela aurait paru inimaginable il y a encore une décennie, mais l’Hexagone, surnommé le grenier à blé de l’Europe, pourrait perdre à moyen terme son indé­­pendance alimentaire.

En effet, depuis plusieurs années, le solde de la balance commerciale des produits agricoles et agroalimentaires, c’est-­à­-dire les exportations moins les importations, ne cesse de...

Cela aurait paru inimaginable il y a encore une décennie, mais l’Hexagone, surnommé le grenier à blé de l’Europe, pourrait perdre à moyen terme son indé­­pendance alimentaire.

En effet, depuis plusieurs années, le solde de la balance commerciale des produits agricoles et agroalimentaires, c’est-­à­-dire les exportations moins les importations, ne cesse de se détériorer. Si la tendance actuelle se poursuit, la valeur de notre production ne couvrira plus notre consommation. Les importations augmentent en effet plus vite que les exportations.

Si le solde est encore positif aujourd’hui, c’est principalement grâce à la très bonne tenue de la filière viticole française. Nous exportons pour près de 16 milliards d’euros de boissons et en importons pour moins de 4 milliards : cette filière contribue donc positivement à hauteur de 11,3 milliards à notre balance commerciale.

Mais la vente à l’étranger de grands crus de Bordeaux ou de Champagne ne saurait faire oublier que, sur toute une série d’autres produits, la situation se dégrade. Pour les fruits et légumes par exemple, le déficit français a été multiplié par près de cinq en quinze ans, et s’approche maintenant du milliard d’euros.

C’est principalement vis­-à­-vis des pays européens que la situation s’est le plus altérée. Tous produits agricoles et alimentaires confondus, la balance commerciale vis­-à-­vis du continent est déficitaire depuis 2015. Or, il s’agit de nos principaux partenaires, puisque les trois quarts des produits importés proviennent d’Europe. L’Espagne est ainsi notre principal fournisseur.

Des conséquences environnementales

La puissance exportatrice de la ferme France a également perdu de nombreuses places. Le pays est ainsi passé du rang de deuxième exportateur mondial au début des années 2000 à la sixième place aujourd’hui. Ce recul a évidemment un coût social et économique, puisque le secteur agricole et agroalimentaire compte 1,3 million d’emplois, soit 5 % de l’emploi total, et pèse 3,5 % du produit intérieur brut (PIB).

Mais cette rétrogradation a aussi une conséquence environnementale, puisqu’elle est synonyme d’un moindre contrôle sur la traçabilité des produits. La perte de l’indépendance alimentaire de la France irait aussi à contre­courant de la demande de produits locaux par un nombre croissant de citoyens.

Comme le résume Alexandre Mirlicourtois, économiste à Xerfi, « entre hypercompétitivité, sécurité, environnement, le modèle agricole n’a pas fait ses choix et se retrouve aujourd’hui en plein questionnement »
 

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Commentaires (2)
yves abibou 30/12/2021
Avons nous, en France des mesures ou des programmes politiques qui se préoccupent de l'autonomie alimentaire...?
MICHEL RIEU 08/12/2021
Une révision de la politique agricole européenne (PAC) est en cours. Les États membres ont des marges de manœuvre accrues par leur plan stratégique national (PSN). La France va-t-elle s'orienter vers une agriculture plus juste et plus écologique? une plus grande autonomie vis-à-vis d'importations écologiquement désastreuse? vers la satisfaction des besoins alimentaires des habitants? En fait, non. Pour l'essentiel, la nouvelle PAC à la française est faite pour que rien ne change, ou si peu.
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