Opinion

Primaire de la droite : attention danger

3 min
Guillaume Duval Ancien rédacteur en chef à Alternatives Economiques

Ce mois-ci, le débat budgétaire va battre son plein en même temps que celui entre les candidats à la primaire de la droite. Depuis 2012, nous avons souvent critiqué la volonté de François Hollande de réduire trop rapidement les déficits publics. Non pas parce que la question de la dette publique serait secondaire à nos yeux : son niveau très élevé présente un risque sérieux d’emballement si les taux d’intérêt remontent. De plus, il n’est pas légitime d’utiliser en priorité le fruit des impôts pour payer des intérêts aux riches qui ont prêté à l’Etat plutôt que pour l’éducation, la santé ou la conversion écologique de l’économie. Si nous étions réticents, c’est surtout parce que cette politique était contre-productive : elle a freiné l’activité et donc empêché en pratique de réduire l’endettement public. Tout en interdisant aussi la fameuse inversion de la courbe du chômage.

Les projets de la droite risquent de faire exploser la dette publique

Mais aujourd’hui, ce sont d’abord les projets des candidats à la primaire de la droite qui sont problématiques au moment où la plupart des observateurs considèrent que l’un d’entre eux deviendra président l’an prochain. Ils promettent tous en effet des dizaines de milliards de baisse des dépenses publiques. Sans expliquer bien sûr combien de postes d’infirmières, de policiers ou d’enseignants ils veulent supprimer, ni ce qu’ils vont rogner sur les retraites et l’assurance maladie. Chacun sait cependant qu’ils ne réaliseront (heureusement) que très partiellement ces projets, même s’ils risquent de faire du dégât au passage.

Faillite

Parallèlement, ils promettent aussi une foule de baisses d’impôts tant aux ménages qu’aux entreprises. A commencer bien sûr par les impôts progressifs touchant les plus aisés. Sur ce terrain, il y a lieu de redouter en revanche qu’ils mettent vraiment leurs idées en œuvre, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait en 2007 avec son paquet fiscal. Ce qui entraînerait un nouveau bond de la dette, comme cela a d’ailleurs toujours été le cas depuis vingt-cinq ans quand la droite a été aux affaires. Finalement, le plus honnête est François Fillon : il a indiqué qu’élu, il ne respecterait pas la limite des 3 % de déficit public. Lorsqu’il était à Matignon, il répétait souvent que l’Etat était en faillite. Si la droite revient au pouvoir sur la base des programmes en discussion, cela pourrait bien finir par advenir…

Article initialement publié le 30 septembre 2016.

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Commentaires (1)
PHILIPPE 30/09/2016
Les candidats aux primaires de la droite proposent des baisses de charges pour les entreprises et d'impots pour les francais. Pour resoudre l'equation, ils veulent diminuer le train de vie de l'etat ( un peu ?) et augmenter le deficit budgetaire de maniere temporaire ( beaucoup ?).Cette attitude est typique de notre classe politique ( de droite comme de gauche) de s'affranchir de l'orthodoxie budgetaire. Et comme d'habitude, elle va demander aux allemands une relance et des accommodements pour notre budget. Quelles credibilités avons nous aux yeux des allemands ? Et nous nous etonnons ensuite que le couple franco- allemand tangue ( meme si les allemands ont aussi leur responsabilité : notamment sur la defense)
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