L'état de la jeunesse en France
Editorial
Les jeunes vivront-ils mieux en 2017 qu'aujourd'hui ? C'est en tout cas l'objectif que s'était fixé François Hollande pendant la campagne présidentielle, en faisant de la jeunesse sa ...
Introduction
Les Français ont une image plutôt bienveillante des jeunes, selon l'enquête 2013 de l'Observatoire de la jeunesse solidaire, réalisée par Audirep pour l'Afev et publiée en exclusivité par Alternatives Economiques. Des résultats commentés par la sociologue Cécile Van de Velde.(€)
Une jeunesse qui dure plus longtemps
Si les débuts de cette période transitoire entre l'adolescence et l'âge adulte sont facilement identifiables, il est de plus en plus difficile de dire quand elle se termine.(€)
Aujourd'hui, on est jeune en moyenne jusqu'à 28 ans, contre 20 ans en 1975. Le poids de la jeunesse dans l'ensemble de la population s'en trouve automatiquement accru.(€)
La jeunesse est avant tout une construction sociale, qui revêt une réalité très différente selon les époques et les personnes qui en parlent.(€)
La cohabitation entre les jeunes adultes et leurs parents a certes augmenté au cours des années 1980 et 1990 en France, mais elle n'est en rien devenue la norme.(€)
Comparés à leurs homologues européens, les jeunes Français se révèlent particulièrement insatisfaits de leur situation et pessimistes vis-à-vis de l'avenir.(€)
Etudes : la lutte des places
Moins efficace que d'autres systèmes éducatifs, l'école française se révèle aussi beaucoup plus injuste. Une situation qui tend à empirer.(€)
Que ce soit en termes de durée d'étude, d'influence du milieu social sur les résultats ou de genre, les données statistiques reflètent le caractère très inégalitaire de notre système éducatif.(€)
La jeunesse n'est en aucun cas un tout homogène. La plus forte fracture se situe entre ceux qui ont un diplôme et ceux qui n'en ont pas.
Les jeunes issus des classes populaires rencontrent, au cours de leurs études, des difficultés spécifiques, révélatrices des mécanismes à l'oeuvre dans la reproduction des inégalités sociales.(€)
Il n'y a pas de profil type d'élèves décrocheurs, mais de multiples facteurs qui, lorsqu'ils se conjuguent, peuvent aboutir à un arrêt précoce de la scolarité.(€)
Même si les filles affichent en moyenne des résultats scolaires supérieurs à ceux des garçons, elles choisissent moins souvent les filières donnant accès aux meilleurs débouchés professionnels.(€)
Selon l'origine sociale et l'environnement familial, on n'accède pas aux mêmes formations et on ne poursuit pas ses études dans les mêmes conditions.(€)
Le mal-être à l'école n'est pas un phénomène marginal en France. En cause notamment, une logique du classement prédominante.(€)
Pour lutter contre l'échec scolaire, il faut s'appuyer sur un système d'évaluation moins stigmatisant que celui des notes et sur un accompagnement individualisé des élèves en difficulté.(€)
L'idée de lutte pour l'égalité des chances telle qu'elle est aujourd'hui associée à celle du mérite ne permet pas de réduire les inégalités sociales qui caractérisent la société française. Au contraire, elle les légitime.(€)
Dans les comparaisons internationales, le système éducatif français obtient des résultats très moyens. L'exemple finlandais et le redressement allemand montrent qu'il est possible de corriger les carences.(€)
L'apprentissage est réputé occuper une place importante dans le système éducatif outre-Rhin. Une réalité qui a cependant beaucoup évolué depuis une vingtaine d'années.(€)
Malgré son dynamisme économique, la Chine n'arrive pas à absorber le flux grandissant des jeunes diplômés arrivant sur son marché du travail.(€)
La galère du premier emploi
En termes d'emploi, les jeunes ont été les premières victimes de la crise économique. Les plus exposés d'entre eux étant les moins qualifiés.(€)
Le taux de chômage des 15-24 ans actifs dépasse les 20 %. En cause : le manque de qualification de ces jeunes travailleurs ainsi que la frilosité des employeurs à leur égard.(€)
L'accès au premier emploi se fait plus rapidement qu'on ne le pense, mais la qualité de celui-ci est préoccupante. Surtout pour les jeunes sortant du système scolaire peu qualifiés.(€)
Les inégalités de salaire et d'emploi sont particulièrement marquées entre jeunes et seniors. Toutefois, elles sont autant liées à la qualification et au genre qu'aux générations.(€)
L'origine sociale et culturelle influent aussi sur l'insertion professionnelle et les discriminations à l'embauche ne sont pas une vue de l'esprit.(€)
Certes, l'emploi qualifié continue de se développer, mais le déclassement des générations qui arrivent sur le marché de l'emploi n'est pas pour autant un fantasme.(€)
Les jeunes sont-ils vraiment moins bien lotis que leurs parents ? Insertion sur le marché du travail, déclassement, autonomie..., regards croisés d'un économiste et d'un sociologue.(€)
Ils ont entre 20 et 30 ans, seraient individualistes, interconnectés, rétifs à l'autorité, etc. Portrait d'une classe d'âge que les entreprises peinent surtout à intégrer.(€)
Chômage, précarité, déclassement, le sort actuel des jeunes Espagnols explique le sentiment d'indignation manifesté Puerta del Sol en 2011.(€)
Architectes, ingénieurs ou communicants au chômage, les jeunes Irlandais n'hésitent pas à prendre le large, direction Londres. Là-bas, ils rejoignent une importante diaspora qui leur offre réseau professionnel et solidarité quotidienne.(€)
Si le taux de chômage total reste relativement bas au Royaume-Uni (moins de 8 %), il a considérablement augmenté ces dernières années pour les moins de 25 ...(€)
Une majorité de jeunes diplômés pense à quitter le pays pour décrocher un emploi et construire leur vie. Ceux qui restent retournent dans le giron familial en attendant des jours meilleurs.(€)
Modes de vie : une jeunesse plurielle
Les médias entretiennent une image plutôt négative, voire caricaturale, des jeunes. Si leurs difficultés sont bien réelles, les jeunes ne sont néanmoins pas tous logés à la même enseigne.(€)
Plus diplômés, plus urbains, les jeunes sont aussi davantage exposés à la pauvreté que leurs aînés. Ceci étant, grands utilisateurs d'Internet, ils ne sont pas en reste en termes d'activités culturelles.(€)
Avec la montée en charge des systèmes de retraite et la dégradation du marché du travail, la pauvreté, qui touchait hier essentiellement des personnes âgées, concerne aujourd'hui surtout des jeunes.(€)
La santé des jeunes se dégrade. Face à cela, il n'existe pas à l'heure actuelle de politique de santé cohérente. Le point sur une situation préoccupante.(€)
Les jeunes, et notamment ceux dont la famille ne peut leur donner de coups de pouce, sont particulièrement touchés par la crise du logement.(€)
Internet n'est pas un obstacle à la sociabilité des jeunes, au contraire. Que ce soit en termes de relations, d'engagement associatif ou de pratiques culturelles, son utilisation a plutôt un effet positif.(€)
En matière de sexualité des jeunes, l'âge du premier baiser comme celui du premier rapport n'ont pas beaucoup changé depuis trente ans. En revanche, on observe des évolutions liées notamment au développement d'Internet et des téléphones portables.(€)
Il n'y a pas eu d'aggravation de la délinquance juvénile au cours des dernières décennies. En revanche, il y a eu une augmentation très significative de sa judiciarisation.(€)
Les jeunes aspirent à l'émancipation, voire sont sommés socialement de le faire. Mais cette conquête de l'autonomie est aussi le moment pour eux de se confronter à une réalité pleine de contraintes.(€)
Des politiques publiques inadaptées
En France, les jeunes ont une très faible autonomie financière. Notamment exclus de l'accès aux minima sociaux, ils souffrent d'un système d'aides qui entretient leur dépendance vis-à-vis de leur famille.(€)
L'examen des transferts publics en direction des jeunes laisse apparaître de multiples déséquilibres : une prépondérance des aides transitant par les familles sur les aides directement versées aux jeunes, des classes moyennes peu soutenues...(€)
Les dispositifs visant à l'insertion des jeunes ne cessent de se succéder depuis trente ans, principalement sous la forme de contrats de travail spécifiques accompagnés d'incitations financières pour les entreprises. Avec des résultats plus que mitigés.(€)
Le système de formation français qui consiste à se former d'abord et à travailler ensuite, ainsi que les aides publiques familialisées ne favorisent pas l'indépendance des jeunes. D'autres modèles existent en Europe, qui pourraient inspirer de nouvelles pratiques.(€)
Deux voies face à la précarité et au chômage des jeunes ouvrent des perspectives intéressantes. L'une vers l'insertion, l'autre vers la formation.(€)
Depuis plus de trente ans, les politiques de l'emploi en faveur des jeunes sont construites autour de l'idée que ces derniers ont un problème particulier d'employabilité. Un diagnostic erroné et figé.(€)
Une réforme de la politique de la jeunesse est nécessaire, mais elle se heurte à de fortes résistances.
Une jeunesse indignée ou résignée ?
Les jeunes accordent aujourd'hui une grande importance à la liberté de mener leur vie comme ils l'ont choisi. Mais cette évolution n'entraîne pas pour autant un moindre respect des règles sociales, ni un moindre sentiment d'appartenance à la collectivité.(€)
Loin d'être dépolitisée, la jeunesse adhère à de nouvelles formes d'engagement, plus éphémères et plus ciblées.(€)
Les jeunes s'intéressent davantage à la politique et s'engagent de plus en plus souvent. Néanmoins, les moins scolarisés d'entre eux restent à l'écart de cette tendance.(€)
Plus d'un jeune Français sur trois adhère à au moins une association. Stable depuis vingt ans et centrée sur des activités sportives, culturelles et de loisirs, la participation associative juvénile tend aujourd'hui à concerner davantage la vie de la cité.(€)
Les organisations syndicales peinent à recruter des jeunes, alors que les baby-boomers, qui représentent une grosse partie de leurs effectifs, partent en retraite.(€)
Plus ludique et moins lié aux "appareils" traditionnels, le militantisme des jeunes n'en reste pas moins générateur d'engagements politisés.(€)
Pionniers du mouvement des Indignés dans le monde, les Espagnols n'occupent plus aujourd'hui les places publiques. Mais certains transforment l'essai en investissant, avec leurs méthodes et leurs convictions, l'espace politique local.(€)
Les jeunes Français n'ont pas emboîté le pas des Indignés. Pourtant, ils ont démontré par le passé leur capacité à se mobiliser. Croient-ils encore à l'engagement politique ?(€)
Ressources
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