Sommaire

Hors-série Pratique n°043bis - 04/2010

La crise, nouvelle édition

Editorial

La deuxième vague

Quatre lectures de la crise

Déroute bancaire, déséquilibres financiers internationaux, impasse d'un modèle de croissance inégalitaire, montée de la contrainte écologique : ces quatre aspects de la crise sont distincts, mais complémentaires. Et chacun appelle des réponses spécifiques.

De la crise financière à la crise économique

De la crise financière à la crise économique

Les grandes étapes

La croissance à crédit

Très classiquement, la crise actuelle trouve son origine dans une bulle immobilière associée à une bulle du crédit. Une dérive attisée par les politiques publiques, mais également par l'abondance de liquidités mondiales.

Finance : la machine à dettes

La libéralisation et les innovations financières ont changé le métier des banques. Transformées en courtiers des marchés financiers, elles vendent les crédits qu'elles ont initiés plutôt que de les porter jusqu'à échéance. Un modèle hautement rentable.

Les alchimistes du risque

Le système financier américain masquait une immense machine à recycler des dettes de qualité douteuse.

L'engrenage

Le retournement du marché immobilier aux Etats-Unis a déclenché une vague de défauts de remboursement des prêts subprime. Les banques ont alors découvert qu'elles avaient joué avec le feu et qu'elles étaient liées entre elles par une pelote indémêlable de risques. Par effet domino, la crise financière s'est répandue.

Le paroxysme : la faillite de Lehman Brothers

La mi-septembre 2008 marque l'entrée dans une troisième phase de la crise, celle d'une panique boursière et d'une paralysie des marchés financiers associées à la faillite de la banque Lehman Brothers.

Des milliards pour les banques

12 000 milliards de dollars, c'est le montant faramineux que l'on obtient en faisant la somme de toutes les interventions des pouvoirs publics des pays du G20 pour venir au secours du système financier. Ce chiffre agrège cependant des interventions de nature très différente.

Sauver les banques ou sauver les banquiers ?

Toute crise financière entraîne une redistribution du pouvoir et de la richesse entre entreprises, banques, Etats et populations. D'où la difficulté d'établir des compromis dans un contexte violemment conflictuel.

Trois modèles de sauvetage des banques

Pour mettre un terme à l'hémorragie des pertes, trois options peuvent être efficaces. Mais il faut avoir conscience qu'elles n'auront pas les mêmes effets, en particulier sur le crédit. Et pour le contribuable.

Pourquoi la récession est devenue mondiale

Aux grands maux, les grands remèdes

La crainte que l'économie ne s'enfonce dans la dépression a suscité de fortes réactions des pouvoirs publics. La relance a cependant été plus timide en Europe, d'où finalement une récession plus sévère.

La France en crise

Le fameux modèle social français a contribué à atténuer les effets de la crise sur la population. Reste que l'emploi en sort sinistré, en particulier dans l'industrie.

L'industrie française en danger

Le poids des multinationales, pour lesquelles le territoire importe peu, s'ajoute plus qu'il ne s'oppose à la taille trop faible des PME. Les sites de production et les savoir-faire existent pourtant et la crise actuelle pourrait être l'occasion de les sauvegarder.

La nouvelle vague de plans sociaux

Les restructurations ne sont pas des accidents ponctuels, mais un processus récurrent face auquel les salariés apparaissent inégaux et peu préparés.

Retour sur quelques accélérateurs de crise

Agences de notation, normes comptables et normes prudentielles, calcul des risques, produits dérivés, pourquoi ce qui aurait dû rendre la finance plus solide a en fait aggravé la crise.

La faute aux normes comptables ?

Les normes comptables que doivent utiliser les sociétés cotées leur imposent de suivre les règles de la comptabilité dite " en juste valeur ". Une méthode décriée par de nombreux acteurs qui y voient un facteur central de la crise financière actuelle. Ces critiques sont en partie fondées, mais il n'existe pas pour autant d'alternative plus fiable.

Des règles prudentielles imparfaites

Au plus fort de la crise, la perte de valeur de leurs actifs, qui a fait fondre leurs fonds propres, a mis les banques en grande difficulté. Au même moment, les exigences de fonds propres augmentaient du fait de la montée des risques sur les actifs des banques. Une situation inextricable sans recapitalisation publique.

Des risques mal calculés

Les banques ont su développer des outils efficaces pour échapper aux régulations, mais totalement inopérants pour le contrôle des risques. C'est ce que montre l'histoire de la " VaR ", la mesure miracle qui n'a pas tenu ses promesses.

Les mauvais coups des produits dérivés

S'ils ont une utilité certaine, les produits dérivés comportent aussi des risques. Les encadrer semble désormais nécessaire.

Menaces sur la reprise

Menaces sur la reprise

Une périlleuse sortie de crise

Mises sous perfusion monétaire et budgétaire, les économies semblent se refaire une santé. Mais le sevrage s'annonce très délicat.

Comment lutter contre le chômage ?

L'envolée sans précédent du chômage, loin d'être terminée, nécessiterait une mobilisation générale, comme celle qui a eu lieu pour sauver les banques. Mais pour l'instant, on ne voit rien venir...

Comment sortir du dopage monétaire ?

Les politiques des banques centrales ont contribué à la reprise économique. Mais l'abondance de liquidités pourrait aujourd'hui favoriser la formation de nouvelles bulles spéculatives. Reste à savoir comment corriger les politiques sans provoquer une brutale remontée des taux à long terme.

Les banques renouent avec les profits, pas avec le crédit

Les banquiers français renflouent leurs coffres grâce à de grosses marges réalisées sur les prêts accordés à leurs clients, mais aussi du fait de leurs gains sur les marchés financiers.

Pourquoi les banques rechignent à prêter

L'incertitude conduit les banques à thésauriser leurs liquidités plutôt qu'à prendre le risque d'abaisser leurs ratios de fonds propres en accordant de nouveaux crédits.

Comment réduire la dette publique sans tuer la reprise ?

Après la crise, il faut chercher à limiter la dette publique. Mais les différentes stratégies possibles n'ont pas le même impact, ni sur l'économie ni sur la société.

L'inflation n'est pas la solution

Face à la montée de l'endettement public, la tentation est grande de recourir à l'inflation. Mais les circonstances ne s'y prêtent pas.

L'euro est-il menacé par la crise ?

L'euro a joué pleinement son rôle de stabilisateur pendant la crise, mais les carences de la politique économique européenne sont aussi clairement apparues. Les difficultés financières de la Grèce l'ont encore récemment rappelé.

L'Europe ne dispose pas des moyens pour faire face à la crise grecque

La crise grecque est très difficile à résoudre, car l'Europe ne dispose pas des instruments nécessaires. Et au-delà des problèmes immédiats, il ne sera pas aisé non plus de réformer la gouvernance de la zone euro.

La Chine peut-elle tirer l'économie mondiale ?

La croissance mondiale dépend-elle du taux de change de la monnaie chinoise ? Au vu du défilé des dirigeants occidentaux à Pékin et des appels incantatoires à la réévaluation du yuan, on serait tenté de le croire. L'argument, a priori, relève du bon sens économique. Mais les Chinois ne font pas la même analyse.

Une mue difficile

Le spectaculaire décollage de la Chine n'est pas dépourvu de faiblesses. Des fragilités qui, au moins autant que la puissance économique de ce pays, pourraient devenir un problème pour le reste du monde.

Les crises du capitalisme : histoire et théories

Les crises du capitalisme : histoire et théories

L'éternel retour des crises

Les crises financières suivent toutes peu ou prou le même schéma : une innovation inaugure une période d'euphorie, qui se transforme en bulle, laquelle finit par éclater. L'Etat arrive alors à la rescousse, la confiance revient et le cycle peut recommencer.

Le fantôme de la Grande Dépression

Innovations productives et financières, accroissement des inégalités et de l'endettement..., le contexte de la crise de 1929 présente des similitudes troublantes avec la situation actuelle. Bien que les conditions monétaires soient très différentes, cette crise illustre la virulence des processus de contagion quand les Etats échouent à coopérer.

Les leçons de la déflation japonaise

Plus que celle de 1929, la crise actuelle évoque la crise japonaise des années 1990. Ben Bernanke, le patron de la Fed, qui l'avait étudiée en détail, cherche aujourd'hui à éviter les erreurs commises à l'époque par les autorités japonaises.

La crise asiatique de 1997

Aveuglement des investisseurs, opacité des circuits de financement, complaisance des agences de notation, libéralisation financière menée à la va-vite, la crise qui a frappé la plupart des pays d'Asie du Sud-Est en 1997 mettait davantage en cause l'instabilité propre à la finance que le modèle de développement de ces pays.

Pourquoi tant de crises ?

Les crises ont fait leur réapparition depuis deux décennies. Un retour qui s'explique par le rôle de la monnaie et des innovations et par la libéralisation financière.

Pourquoi les économistes n'ont rien vu venir

La théorie économique dominante repose sur deux concepts majeurs, les anticipations rationnelles et les marchés efficients, qui ne permettent pas de penser les crises. Une remise en cause s'impose.

Les économistes remis en cause

Depuis longtemps accusés d'être de tristes sires, les économistes se voient taxés d'incompétence depuis la crise des subprime, voire de malhonnêteté. L'attaque est rude, mais logique.

Minsky, une interprétation prémonitoire des crises

La crise a fait redécouvrir les analyses de l'économiste américain Hyman Minsky sur l'instabilité intrinsèque du capitalisme. Celui-ci montre notamment que les crises sont d'autant plus sévères que la phase d'expansion précédente a été longue.

Réguler la mondialisation

Réguler la mondialisation

Vers une gouvernance mondiale ?

En septembre 2009, le sommet de Pittsburgh a fait du G20 la nouvelle instance de coopération économique mondiale. Il a ainsi consacré la reconnaissance des pays émergents dans un monde désormais multipolaire. Cependant, le principe de souveraineté nationale a encore de beaux jours devant lui.

La finance est-elle sous contrôle ?

Ministres des Finances et banquiers centraux semblent vouloir aller loin dans l'approfondissement du contrôle des banques. De son côté, la régulation des marchés de produits dérivés, des fonds spéculatifs et des paradis fiscaux avance également, mais trop mollement. Le chantier de la régulation de la finance ne doit pourtant pas s'arrêter à mi-chemin.

Le G20 passe à côté de l'essentiel

La crise d'aujourd'hui n'est pas, comme le laisse supposer les conclusions du G20, le simple résultat d'une série de dysfonctionnements. Elle s'explique avant tout par l'inefficience intrinsèque des mécanismes de marché pour réguler la finance. Pour limiter les effets des bulles, il faut recloisonner les activités financières.

Le nouveau Bretton Woods attendra

Les moyens accordés au Fonds monétaire international (FMI) par le G20 vont contribuer à la relance. Mais une réelle refondation des relations économiques et monétaires internationales n'est pas encore à l'ordre du jour.

Quelle réforme du système monétaire international ?

Le système monétaire international fondé sur le dollar tend à s'effacer au profit d'un système caractérisé par un polycentrisme monétaire, propice à une concurrence féroce entre les devises. Renforcer le rôle du Fonds monétaire international et de sa monnaie, le DTS, est la condition d'une maîtrise des mouvements désordonnés des taux de change.

Le protectionnisme n'est pas la solution

Plutôt que le protectionnisme, c'est une action internationale mieux coordonnée qui apporterait des réponses à la crise et aux nombreux dysfonctionnements de la mondialisation libérale.

Les pays émergents sortent renforcés de la crise

Chine en tête, les pays émergents ont plutôt bien résisté à la crise, car ils ont tiré les leçons du krach asiatique de 1997. Reste à savoir si, de leur côté, les grandes puissances sont prêtes à faire le ménage dans le système financier pour éviter un nouveau choc.

Changer de modèle

Changer de modèle

La crise du modèle inégalitaire

Il faut mettre un terme au cycle de montée des inégalités sociales qui a largement contribué à la crise. Une tâche qui supposerait notamment de réhabiliter la fiscalité progressive. Pas évident à court terme.

Les managers, rois du capitalisme financier

En faisant alliance avec les investisseurs institutionnels, les managers ont été les grands gagnants de la montée des marchés financiers. Les salariés et les petits épargnants y ont perdu en revenu et en sécurité.

" Socialiser le capitalisme "

La crise actuelle révèle le besoin de contre-pouvoirs plus efficaces à l'intérieur des firmes. Trois scénarios sont envisageables pour faire évoluer la gouvernance d'entreprise.

Et si on démocratisait l'économie ?

De l'instauration d'un salaire maximum à la construction d'une vraie sécurité sociale professionnelle, quelques pistes pour corriger les graves dérives qui ont mené à la crise.

Un New Deal vert pour le XXIe siècle

La crise financière a ses origines dans l'explosion du nombre de consommateurs pauvres. Face à cela, la reconversion de la société selon les normes du développement durable serait un gisement d'emplois et de croissance. Pour ce faire, un véritable " New Deal vert " serait nécessaire.

Pour une croissance qualitative

Abandonner la logique productiviste purement quantitative au profit d'une logique durable et qualitative permettrait de créer de nombreux emplois. La crise est l'occasion de proposer une autre vision du progrès, qui passe aussi par un nouveau partage des richesses.

Annexes

La crise : bibliographie

Les mots de la crise