© Sergio Aquindo
?
Entretien

Manon Loisel : « Il faut en finir avec la démocratie participative, qui accentue la crise qu’elle prétend résoudre »

13 min
Manon Loisel Consultante en stratégies territoriales et enseignante à l’Ecole Urbaine de SciencesPo

Convention citoyenne pour le climat, Grand débat post-Gilets jaunes, budgets participatifs, conseils de quartier, enquête publique, réunions publiques, panels citoyens… les dispositifs de démocratie participative se sont multipliés ces dernières années. Leur objectif : répondre à la crise de la démocratie représentative matérialisée par la progression de l’abstention. La participation des citoyens à la fabrique des politiques publiques est ainsi présentée comme un remède à leur désintérêt croissant pour le vote.

Ces dispositifs sont cependant largement critiqués par les chercheurs, à la fois en raison de leur fonctionnement et de leur instrumentalisation fréquente par les élus. Dans un ouvrage récent, Pour en finir avec la démocratie participative (Editions Textuel), Manon Loisel et Nicolas Rio en appellent donc à mettre fin à la « fuite en avant participative ». A la fois chercheurs (ils sont politistes à Sciences Po) et acteurs de terrains (ils ont co-fondé « Partie prenante », une agence de conseil aux collectivités locales), ils déplorent les limites de la démocratie participative et plaident pour une démocratisation de l’action publique qui déborde largement le champ des élections. Explications avec la co-autrice de l’ouvrage, Manon Loisel.

 

« En finir avec la démocratie participative »… est-ce un titre provocateur lorsqu’on sait que la démocratie participative, très en vogue, est présentée comme le moyen de prendre le relais de la démocratie représentative, fragilisée par l’abstention ?

Manon Loisel : Ce n’est absolument pas une provocation mais bien une proposition. Nous pensons qu’il...

 

Convention citoyenne pour le climat, grand débat post-gilets jaunes, budgets participatifs, conseils de quartier, enquête publique, réunions publiques, panels citoyens… les dispositifs de démocratie participative se sont multipliés ces dernières années. Leur objectif : répondre à la crise de la démocratie représentative matérialisée par la progression de l’abstention. La participation des citoyens à la fabrique des politiques publiques est ainsi présentée comme un remède à leur désintérêt croissant pour le vote.

Ces dispositifs sont cependant largement critiqués par les chercheurs, à la fois en raison de leur fonctionnement et de leur instrumentalisation fréquente par les élus. Dans un ouvrage récent, Pour en finir avec la démocratie participative (Ed. Textuel), Manon Loisel et Nicolas Rio en appellent donc à mettre fin à la « fuite en avant participative ». A la fois chercheurs (ils sont politistes à Sciences Po) et acteurs de terrain (ils ont cofondé Partie prenante, une agence de conseil aux collectivités locales), ils déplorent les limites de la démocratie participative et plaident pour une démocratisation de l’action publique qui déborde largement le champ des élections. Explications avec la coautrice de l’ouvrage, Manon Loisel1.

« En finir avec la démocratie participative »… est-ce un titre provocateur lorsqu’on sait que la démocratie participative, très en vogue, est présentée comme le moyen de prendre le relais de la démocratie représentative, fragilisée par l’abstention ?

Manon Loisel : Ce n’est absolument pas une provocation, mais bien une proposition. Nous pensons qu’il faut un moratoire sur les dispositifs participatifs. Bien sûr, nous savons pertinemment que cette idée n’est pas très audible. Lorsque nous accompagnons des élus, l’idée de recourir à un dispositif de participation arrive presque toujours à un moment. « Ah tiens, ne ferait-on pas un panel citoyen ou une concertation ? », entend-on presque à chaque fois. Mais les élus ne se rendent pas compte que ces dispositifs ne répondent pas aux objectifs auxquels ils sont censés répondre.

Quels sont leurs principaux défauts ?

M. L. : Le premier, c’est leur côté anti-redistributif. Alors qu’ils sont supposés être une réponse à la montée de l’abstention, ces outils sont surtout investis par ceux que qui sont parfois surnommés les « TLM » (Toujours les mêmes). Anciens élus, citoyens engagés, leaders associatifs… ces profils très marqués socialement s’emparent seuls de ces dispositifs. Je défie n’importe qui de trouver un abstentionniste dans une réunion publique. On n’en voit jamais, et ce n’est pas étonnant : pour s’impliquer dans ces dispositifs, il faut avoir beaucoup de temps à consacrer à la chose publique. Ce qui est rarement le cas pour les actifs ou les familles monoparentales. Sans parler du fait qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être assez à l’aise en public pour prendre le micro devant plusieurs personnes.

Très souvent, les travaux issus des dispositifs ne sont pas vraiment pris en compte. Cela renforce la désillusion démocratique.

La démocratie participative a tendance à renforcer la « présentocratie », le pouvoir de ceux qui peuvent se rendre disponibles pour débattre de questions politiques, et ne parvient donc pas à faire entendre les sans-voix. Pire, elle essentialise la parole « des citoyens » à partir de la participation de seulement quelques-uns d’entre eux, très minoritaires en nombre et très peu représentatifs. Quand des élus disent « les habitants sont favorables à » en s’appuyant sur une délibération d’un conseil de quartier qui rassemble cinq personnes, on voit bien qu’on a un problème.

Autre défaut, ces dispositifs ont tendance à générer de l’espoir chez les participants… et donc des désillusions lorsqu’ils n’ont pas de traduction politique.

M. L. : Nous venons d’en faire l’expérience avec deux expériences nationales de démocratie participative, qui ont constitué un miroir grossissant de ce qui se passe aussi au niveau local. A la suite de la mobilisation des gilets jaunes, Emmanuel Macron a annoncé un « grand débat national ». Beaucoup se sont prêtés au jeu. Conclusion ? Le Président a dit que les remontées des Français le confortaient dans sa politique !

Autre dispositif, intéressant sur le papier, puis largement ignoré : la convention citoyenne sur le climat. Emmanuel Macron s’était engagé à retranscrire dans une loi les conclusions de la convention, mais une faible part de leurs 150 propositions a finalement été retenue. Au niveau local, même chose : les dispositifs participatifs sont toujours circonscrits à des enjeux relativement marginaux ou anecdotiques. Et très souvent, les travaux issus des dispositifs ne sont pas vraiment pris en compte. Cela renforce la désillusion démocratique, avec des participants qui s’estiment souvent trahis. De ce point de vue, la participation renforce le sentiment de défiance qu’elle était censée résoudre.

On peut tout de même se satisfaire que les élus tentent d’écouter les citoyens plus d’une fois tous les cinq ans, non ?

M. L. : En théorie, oui. Mais dans les faits, ce recueil de la parole citoyenne est beaucoup trop contrôlé par les autorités. L’impératif de participation a pris la forme d’une injonction bureaucratique. Par exemple, les communes de plus de 80 000 habitants doivent obligatoirement disposer de conseils de quartier. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que nombre d’entre eux soient des coquilles vides. Le véritable exercice du pouvoir se joue ailleurs.

Peut-on améliorer les dispositifs de démocratie participative, au vu de tous les défauts que vous énumérez ?

M. L. : Hélas, je ne crois pas. Ils sont intrinsèquement dysfonctionnels, notamment parce qu’ils sont incapables de faire émerger la parole des sans-voix. Où entend-on ceux qui ne votent pas et qui ne prennent jamais la parole dans le débat public ? Souvent dans les mouvements sociaux spontanés comme les gilets jaunes. Parfois dans les manifestations ou dans des collectifs qui échappent largement aux autorités. Parfois aussi dans la presse. Mais jamais dans des dispositifs de démocratie participative. Il est difficile pour les élus d’écouter ces sans-voix dans la mesure où ils n’ont aucun crédit électoral à en tirer. Les élus auditionnent des experts, et c’est normal. Mais ils n’auditionnent jamais des citoyens peu audibles, et ils ne donnent pas de crédit aux expériences de vie et aux ressentis. Ce sont des éléments qui n’ont pas de valeur politique.

Emmanuel Macron vous répondrait que c’est précisément pour écouter directement « les Français » qu’il a recours aux dispositifs comme le grand débat national…

M. L. : C’est vrai, mais ce serait très malhonnête. Car, paradoxalement, le « sans-filtre » accentue les effets des inégalités socio-économiques sur le partage du pouvoir. Quand Emmanuel Macron est « seul face à 150 citoyens », il ne prend aucun risque puisqu’il fixe seul les règles du jeu. La vraie démocratie, c’est l’existence de toute une série de contre-pouvoirs qui agissent comme des filtres successifs. La loi Immigration l’a montré récemment : le Parlement a joué un rôle, le Conseil constitutionnel aussi. D’autres filtres (syndicats, acteurs de l’éducation populaire, manifestants…) sont, ces dernières années, régulièrement évincés, voire réprimés, ce qui affaiblit dangereusement la démocratie en excluant du débat des publics qui n’existent que grâce à eux. Aujourd’hui, qui peut porter la voix des plus marginalisés si ATD Quart Monde n’est pas associée à la politique de lutte contre la pauvreté ? Cette association a une pratique très aboutie du recueil de l’expérience des sans-voix. Mais elle n’est pas sérieusement considérée au niveau national.

Comment faire émerger la parole de ces sans-voix ?

M. L. : Je disais précédemment qu’il est fondamental que les élus accordent plus de crédit et d’attention aux expériences de vie des citoyens, en rééquilibrant leur poids par rapport aux experts. Le cas des zones à faible émission (ZFE) est un bon exemple2. Face à cette mesure, les citoyens les plus pauvres expriment un sentiment d’injustice. Il est très présent dans les médias locaux ou sur les pages Facebook locales qui ne sont pas gérées par des institutions. Mais au niveau politique, c’est l’expertise qui l’emporte. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas faire les ZFE. Mais que les difficultés qu’elles rencontrent aujourd’hui [leur mise en place a été repoussée dans de nombreuses villes, y compris dans des métropoles à majorité écolo, NDLR] auraient pu être évitées en tenant davantage compte des ressentis des ménages modestes.

Il ne suffit pas de redoubler d’efforts pour aller vers les inaudibles, il faut aussi restreindre la place accordée à ceux qui s’expriment déjà.

Avec la démocratie participative, on organise des réunions publiques et, souvent, les élus se félicitent du nombre de participants. La réussite d’un dispositif de démocratie participative est toujours analysée à l’aune de critères quantitatifs. Mais l’enjeu est surtout d’écouter des acteurs au profil social différent. Par exemple, un actif périurbain modeste qui vient tous les jours travailler en voiture en ville. Ou encore une personne qui souffre d’asthme et vit proche du périphérique. Plutôt qu’avoir deux élus qui viennent à une réunion publique écouter d’une oreille les conclusions de 100 personnes déjà très investies dans la vie locale, mieux vaut 100 élus qui écoutent avec leurs deux oreilles les récits de vie de deux personnes qui n’ont jamais voix au chapitre.

Vous dites aussi que pour écouter davantage les sans-voix, il faut aussi accorder moins d’attention à ceux qui l’ont beaucoup ?

M. L. : Oui. Prétendre écouter tout le monde sans distinction, c’est faire fi de tous les mécanismes de domination qui parcourent la société. Le combat pour la parité homme-femme en est l’illustration. C’est en objectivant et en contestant la surreprésentation des hommes que les féministes sont parvenues à la réduire. La parité montre que pour entendre l’ensemble des citoyens, il ne suffit pas de redoubler d’efforts pour aller vers les inaudibles. Il faut aussi restreindre la place accordée à ceux qui s’expriment déjà.

Revenons à l’exemple des ZFE. Vous notez que leur mise en place est due à des considérations scientifiques (il faut réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre), mais que les citoyens n’ont pas été associés. La question est très cynique, mais n’était-ce pas nécessaire pour faire passer la mesure ? Personne n’a envie de se passer de sa voiture… Et si on élargit en caricaturant un peu, la peine de mort a été abolie par des élus alors que « l’opinion publique » semblait plutôt contre…

M. L. : La question est difficile mais intéressante. Si l’on se centre sur l’enjeu le plus actuel, celui de la transition écologique, il me semble discutable de penser que les citoyens sont contre l’écologie. Le problème de la transition écologique, c’est notre crise démocratique. Comme notre système met les classes populaires hors jeu, la transition devient technocratique et fait l’objet d’un retour de bâton important. Si notre démocratie était plus fonctionnelle, on peut penser que la redistribution des richesses serait plus importante. La mise en place d’une taxe carbone ou de ZFE serait alors beaucoup mieux acceptée puisque les plus riches seraient davantage mis à contribution.

Aujourd’hui, nombre de mesures écologiques apparaissent injustes, car elles ne frappent pas vraiment les riches qui peuvent facilement les contourner (en achetant une grosse voiture électrique pour s’adapter aux ZFE par exemple) ou les assumer (en pouvant se permettre de payer le carburant plus cher dans le cas d’une hausse de la taxe carbone).

Dans votre livre, vous montrez que l’essentiel du combat démocratique se joue ailleurs que dans les dispositifs participatifs. Quels sont les vrais lieux de pouvoir ?

M. L. : Outre les lobbies dont il faut rappeler le poids – la crise agricole vient de l’illustrer une nouvelle fois –, il se joue beaucoup de choses dans l’administration. Cette dernière est souvent vue comme un espace « apolitique », où des techniciens appliquent les politiques décidées par les élus. En réalité, les deux millions d’agents publics qui travaillent dans les collectivités locales ont un poids politique important. C’est particulièrement vrai dans les plus petites d’entre elles, où les élus sont souvent des retraités bénévoles aux connaissances techniques limitées. Dans ces cas-là, il n’est pas rare de voir les techniciens choisir les orientations politiques, car ils considèrent que leurs élus ne font pas le travail.

Le travail d’un élu, ce n’est pas que de décider, c’est d’écouter et de représenter tous les citoyens, et notamment les absents.

Dans les grandes métropoles, les élus ont un poids plus important, mais la technicité de certains dossiers est telle que les agents jouent forcément un rôle central. Sans parler des cabinets de conseil privés qui ont une influence de plus en plus importante mais ne rendent de comptes à personne. En effet, dans les débats publics (réunions publiques, interviews dans la presse), on ne les voit jamais ! Démocratiser l’action publique, c’est faire entrer dans l’arène politique tous ces acteurs.

Faut-il alors désacraliser la vision que l’on a des élus ?

M. L. : Oui ! Les élus sont souvent vus comme des super-héros… sauf qu’ils n’ont pas de super-pouvoirs ! La fabrique de l’action publique est de plus en complexe, car elle fait intervenir des acteurs nombreux. Il faut désacraliser la fonction de l’élu qui décide de tout. Le travail d’un élu, ce n’est pas que de décider, c’est d’écouter et de représenter tous les citoyens, et notamment les absents. Plutôt que de valoriser la figure de l’élu, il faudrait préférer la figure du représentant.

A ce titre, vous formulez une proposition audacieuse en ouverture du livre.

M. L. : Nous proposons en effet d’utiliser le tirage au sort comme une réponse à la hausse de l’abstention électorale et à la baisse de la représentativité des élus. Si l’on se base sur les élections législatives de 2022, qui déterminent la composition de l’Assemblée nationale, on pourrait procéder de la façon suivante : 46 % des sièges seraient attribués à des élus, sur le modèle actuel. Cette proportion correspond au taux de participation lors de ce scrutin. Les 54 % des sièges restants seraient accordés à des citoyens tirés au sort, de quoi représenter mathématiquement les abstentionnistes. Ce tirage au sort serait corrigé des biais sociaux que l’on constate chez les élus.

Bien sûr, un tel changement nécessiterait un accompagnement et des moyens importants. Mais si l’on met un moratoire sur les démarches de démocratie participative et qu’on réalloue les moyens et les personnels qui y sont dédiés, cela peut se faire à moyens constants. On nous rétorquera que ces nouveaux représentants ne seraient pas compétents, mais la compétence technique est moins importante que l’existence de contre-pouvoirs. Pour qu’une discussion sur la relance sur le nucléaire soit démocratique, l’enjeu n’est pas que tous les députés soient des physiciens chevronnés, mais que leur délibération puisse s’appuyer sur des expertises contradictoires produites par plusieurs institutions et corps intermédiaires compétents sur le sujet.

Il faut guérir la démocratie représentative, car elle est à notre avis le moins mauvais des systèmes. La démocratie participative a de nombreux défauts, comme on vient de le voir. La démocratie directe, de son côté, n’évite pas non plus l’écueil du présentéisme, à l’image de l’expérience de « Nuit debout » il y a quelques années. La transformation de nos institutions ne viendra pas d’une autre démocratie mais d’une exigence renouvelée sur la mise en pratique de ses principes théoriques.

  • 1. Manon Loisel est également chroniqueuse à Alternatives Economiques
  • 2. Les zones à faibles émissions sont un outil visant à améliorer la qualité de l’air. Progressivement déployées dans les principales métropoles françaises, elles bannissent progressivement les véhicules thermiques (diesel, essence) de leurs agglomérations.
Propos recueillis par Vincent Grimault

À la une

Commentaires (38)
Sylvain Gilles 23/04/2024
Churchill disait en gros : "la démocratie est le moins pire des systèmes politiques". Comme s'il y avait qu'un seul modèle de démocratie, la parlementaire, dite représentative, mise en place en Europe, et en exergue au cours du 19ème siècle. Or la démocratie peut prendre mille et une formes, et doit être considérée comme un paramètre selon un gradient où une société est considérée plus ou moins démocratique. Il en est de même pour la démocratie participative, celle évoquée est un cas particulier
Pierre Moiroux 16/04/2024
J'arrête là, mais ce qui me gêne le plus, c'est que les constats qui justifient de cette faiblesse : manque temps libre, difficulté à s'exprimer en public ... sont considérés comme des variables immuables ! Je suis d'accord sur le constat, mais il faut plutôt se battre contre cela (ex : revenu universel, ateliers d'écritures et de prise de parole en public ...). In fine, plutôt valoriser le concept pour le long terme, que chercher à faire le buzz sur le journal, fut-ce Alter-Eco !
Pierre Moiroux 16/04/2024
Quelques réussites ? Remontons d'abord aux sources récentes qui ont réactivé le concept (années 70) : les favelas brésiliens, certains villages indiens : pour ces territoires en souffrance, il y a eu un avant et un après. Même pour la convention citoyenne sur le climat, qui n'a servi à rien, certaines des personnes, à la base tirées au sort, se sont ensuite investies en politique, et sont aujourd'hui des élus de la république ; sans doute, une vraie révolution intime pour eux !
Pierre Moiroux 16/04/2024
Cet article est intéressant, et je partage la majorité des postulats, mais les conclusions un peu binaires qui en ressortent, à commencer par le titre, me gênent vraiment : pour moi, on ne peut "jeter le bébé avec l'eau du bain", les réussites réelles (certes trop rares) contribuent à une amélioration de long terme de ce qui fait société. La démocratie participative est un concept et une attitude, pas une démarche institutionnelle, ou de la com' gouvernementale, qu'on a bien raison de moquer
Pierre Moiroux 16/04/2024
Premier étonnement à cet instant : le nombre de personnes ayant contribué à l'article, nettement supérieur à la moyenne (même si certains ont fait plusieurs réponses, ce qui se comprend avec la limite des 500c, pourquoi d'ailleurs ?). Je suggère donc à Alter. Eco., quand un sujet génère un nb important de contributions, d'ouvrir un espace d'échanges sur le thème en question ... on a besoin de ça ! Du coup, mes réflexions à suivre sur les messages suivants.
Ezratty Véronique 16/04/2024
Plutôt d’accord sur l’analyse des défauts. La démocratie participative n’est pas un moyen d’obtenir l’avis des sans voix, qui n’y participent pas. Mais, faire des lois demande une certaine technicité, enseignée dans les partis politiques que n’ont normalement pas les tirés au sort. Ils peuvent facilement se retrouver sous la coupe de personnes qui leur donnent les éléments de langage pour vendre de solutions présentées pour l’intérêt général et servant en réalité des intérêts particuliers.
MANON LOISEL 16/04/2024
Quand à l'influence des lobbys et groupes d'intérêt susceptibles de peser sur les représentants tirés au sort, je crois que c'est déjà le cas avec les représentants désignés par l'élection... !
RAYMOND VALLEE 20/04/2024
bonjour Manon merci pour votre article qui confirme mon expérience vécue dans le conseil citoyen. L'idée de la loi Lamy était excellente mais sa mise en œuvre s'est avérée très décevante. La plupart des municipalités ont contourné l'esprit de la loi... c'est un peu comme la langue d´Ésope qui peut être la meilleure ou la pire des choses, tout dépend de l'usage qui en est fait.
MANON LOISEL 16/04/2024
Bonjour Véronique, merci pour votre commentaire. Je crois qu'on a tendance à surestimer les compétences techniques des élus (voir le livre Les Candidats de Etienne Ollion qui raconte l'arrivée de tous les nouveaux élus En Marche issus de la société civile à l'Assemblée) et au contraire sous-estimer le rôle de l'administration, que ce soit à l'échelle locale ou nationale. La fabrique des lois et sa technicité relève beaucoup des techniciens, agents, conseillers.
n c 16/04/2024
Les termes de cet article sont très mal posés. Ce n'est pas parce que la Macronie se repose sur une version marketing de la démocratie participative qui consiste à en avoir les apparences, tout en faisant exactement, qu'il faut croire que la démocratie participative peut se confondre avec ces exercices d'apparence. En réalité c'est tout le contraire. La démocratie participative au niveau des cantons engagent vraiment la décision, à l'opposé de la version de communication que l'on pratique.
n c 16/04/2024
Les termes de cet article sont très mal posés. Ce n'est pas parce que la Macronie se repose sur une version marketing de la démocratie participative qui consiste à en avoir les apparences, tout en faisant souvent l'exact opposé des propositions, qu'il faut croire qu'elle peut se confondre avec ces exercices d'apparence. En réalité c'est tout le contraire. La démocratie participative au niveau des cantons engagent vraiment la décision, à l'opposé de la version de communication que l'on pratique.
n c 16/04/2024
"au niveau des cantons Suisses"
GEORGES TISSOT 15/04/2024
(suite) remise en question efficacement.
GEORGES TISSOT 15/04/2024
La commission nationale du débat me semble un lieu où l'expression des citoyens peut se réaliser dans des conditions tout à fait acceptable.Mais cela suppose un fort engagement des participants,y compris au niveau technique,si l'on veut sortir des préchi-préchas politiciens et bâtir des argumentaires pouvant contredire efficacement la proposition en débat.J'en ai fais l'expérience à propos de l'aménagement envisagé de la Gare de Part Dieuà Lyon,il y a 5 ans,et où la proposition de SNCF Réseau a
René 15/04/2024
En quoi le tirage au sort pourrait régler les problèmes cités pour le participatif : Est ce que l’on obligera un patron d’entreprise, un cadre d’administration, une personne à responsabilité à quitter son poste pour siéger. Est ce que les sans voix vont retrouver la parole une fois tirés au sort...face aux classes qui la domine « naturellement » Le vrai souci, c’est le contournement par les élu.es (ie la présidence Macron) de toute expression qui ne va pas dans le sens qui leur convient.
René 15/04/2024
Des partis pris caricaturaux « les engagés ne sont pas actifs, Seuls les inactifs ont du temps, Le participatif réduit à des séances publiques où tous ne savent pas prendre la parole » Le conseil constitutionnel, un contre pouvoir ? Sur les retraites ? Sur l’immigration : une opposition sur la forme (pas de cavaliers législatifs) Lire Lauréline Fontaine La critique de la démocratie participative, constat que les élus bafouent les expressions dans ce cadre : CC climat, contrôle des autorités...
ETIENNE DELABOUGLISE 15/04/2024
"Ce tirage au sort serait corrigé des biais sociaux que l’on constate chez les élus." C'est quoi au juste, ces "biais sociaux" ?... Petite remarque en passant, pour espérer que le péquin moyen s'intéresse davantage à la chose publique, il faut aussi s'astreindre à utiliser un langage accessible à tous. (Alter-éco s'y emploie) Medice, cura te ipsum --
Vincent Grimault 15/04/2024

Bonjour, 
Nous tentons toujours de préserver votre précieux temps et donc de ne pas trop allonger les contenus que nous vous proposons. Les « biais sociaux » dont parle ML sont la sur-représentation des CSP+ notamment (https://www.alternatives-economiques.fr/lassemblee-nationale-offre-toujours-une-image-deformee-de-societe/00103819). ML propose aussi des corrections également sur l’âge, le genre, l’origine géographique, etc. 

MARC M. 15/04/2024
Écrire qu'il faudrait "écouter les citoyens plus d’une fois tous les cinq ans" est une manipulation grossière. Le citoyen français vote plus d'une fois par an en moyenne : municipales, communautaires (EPCI, selon la taille des communes), départementales(sauf à Paris), régionales, législatives, européennes, présidentielles, professionnelles … sans parler des élections indirectes (sénatoriales). On est loin du "un vote tous les 5 ans" !
EMILE GROLLIER 14/04/2024
Tant qu'on y est, les consultants n'ont plus qu'à enterrer la démocratie. C'est la façon dont les gouvernants l'affaiblissent à coups de butoirs, avec l'aide de consultants qui veulent se distinguer, qui est en jeu, pas en soi la démocratie participative. Ces consultants sont-ils des adeptes de l'organisation du chaos totalitaire ?
Charlie P 14/04/2024
......L’association se donne pour objets d’agir pour la promotion de solutions alliant transition et besoins des usagers. Les différentes solutions de déplacements pour les trajets quotidiens ; voiture, bus, train doivent coexister et se rééquilibrer. Ces solutions- réponses doivent se développer localement dans des programmes clairs, lisibles, inclusifs, évaluables et solidaires". On se positionne un peu dans les constats de Manon Loisel.
Jacq69 15/04/2024
quelle est l'association dont on parle ?
Charlie P 15/04/2024
Il s'agit juste d'une association locale ( périmètre d'action : communauté de communes) en cours de création.
Charlie P 14/04/2024
extraits des statuts de notre assoc : " L’association agit pour la promotion de solutions argumentées et adossées aux besoins exprimés par les citoyens et concernent la mobilité. La création de l’association résulte d’une initiative de personnes issues du collectif mobilités qui existait depuis 2022. Cette action se dirige à la fois sur les collectivités (maires, CC, AOT) sur les acteurs économiques (entreprises, bassin d’emploi) et sur les citoyens qui deviennent experts des changements"...
ALAIN MULARD 14/04/2024
Analyse bien peu probante. En fait c'est parce que les les élus et les citoyens ne sont pas capables d'inventer des formes de démocratie participative efficace, ou que celle -ci est instrumentalisée comme pour le cas des cahiers de doléances que vous la rejetez. Trop facile. Le problème du contrôle du mandat est absolument évincé de la réflexion, de même que les nombreux exemples de dispositifs participatifs qui ont fait leurs preuves.
Benoit Parent 14/04/2024
Attention il y une erreur les ZFE n’ont jamais eu pour objectif de lutter contre les emissions de gaz a effet de serre. Il s’agit d’une mesure de santé publique (pollution atmospherique du aux residus de combustion de carburant). D’ailleurs lutter contre les emissions de gaz a effet de serre ultra localement comme sur une ZFE (a l’echelle d’un centre ville) n’aurait aucun sens.
GARRIGUES BERNARD 14/04/2024
Deux correctifs me semblent nécessaires : (1) Il y a de grandes chances que les 46% d'élus proviennent des déciles favorisés ; les tirés au sort le serait dans les 6 premiers déciles avec le même nombre pour chacun des déciles. Il ne faut pas que la représentation nationales deviennent une carrière alléchante pour les nuls. Le revenu garantie des représentants serait le revenu médian de manière complémentaire ; pas de revenu complémentaire pour ceux dont le revenu est supérieur au médian
GARRIGUES BERNARD 13/04/2024
Nous repérons, dans l'histoire occidentale, 4 tentatives d'instauration par le pouvoir central de contre-pouvoirs économiques locaux contre les pouvoirs politique et administratif. (1) Les syndics athéniens, 5 magistrats devant l'agora vers 400 avant JC. (2). Les bans des royaumes francs devant les chefferies locales vers 500 après JC. (3) Les procureur-syndics à l'échelon communal en décembre 1789 à l'échelon communal. (4) les syndicats sans syndic de la loi de mars 1884 à l'échelon communal
GARRIGUES BERNARD 13/04/2024
Bloquent ! De siècles en siècles, les hommes, pas à court d'imagination, trouvèrent d'ingénieux moyens progressistes de gouverner et corriger l'erre politique doxaïque. Ainsi les cahiers de doléances qui mirent noir sur blanc, au bénéfice de la Révolution, les dérives du pouvoir politique. Il est possible de traiter aujourd'hui des cahiers de doléances en temps réel à dix occurrences, les déciles de la répartition des revenus et ceux de la répartition des patrimoines
GARRIGUES BERNARD 13/04/2024
Nous devons réinterroger l'histoire si nous voulons savoir ce qui se passe aujourd'hui en démocratie. Elle était aussi en perdition lorsque Dacron fit graver dans la pierre la Constitution de la République, athénienne vers 620 avant J.C. Il y a crise politique mortifère chaque fois lorsque les pouvoirs politique et administratif bloque le fonctionnement économique des acteurs économiques de rez-de chaussée.
ALICE 13/04/2024
Article bienvenu et interessant ! Cela fait qq années que je me faisais la remarque que ces conventions, comités, commissions étaient devenus les nouveaux outils des gens de pouvoir pour légitimer les décisions qui les intéressent. En remplacement / complément des avis d’experts dont on connaît mieux la partialité, prise de position, etc.
ALAIN RABY 13/04/2024
pour que la démocratie participative fonctionne il faut qu'elle soit contrôlée par des personnes indépendantes: "garants" pour la commission nationale de débat public ou "commissaires enquêteurs" pour les enquête publiques. Ces personnes ont acquis les compétences pour que le public ait accès à des informations fiables et compréhensibles (résumés non techniques prévus par la réglementation). Souvent la presse relate les débats et permet à la population qui le souhaite de se faire une opinion.
MICHEL MAGNANT 13/04/2024
La réduction envisagée du délai d'instruction des autorisations de travaux dans le cadre de l'agriculture, illustre la volonté politique de court-circuiter tout avis différent du décideur. Un tirage au sort, oui, mais encore faut-il que celui-elle qui décide au bout change la règle du jeu. Ça ne viendra pas d'en haut. Les corps intermédiaires sont quand même bien placés pour agir vers le haut et vers le bas.
maxime cretet 13/04/2024
en considérant le montant des indemnités et des frais de mandat, je pense, que beaucoup de citoyens seraient prèt à s’investir. a commencer par moi.
Jérémy BLOT 13/04/2024
je suis d'accord avec le fait que la démocratie participative n'attire que des acteurs déjà engagé et toujours les mêmes en fonction des sujets. toutefois, j'ai du mal à concevoir la désignation d'élus par tirage au sort. ça demande un fort engagement en temps que des citoyens ne pourront pas ou voudront pas tous donner.
elegehesse 14/04/2024
Amusant, tirage au sort ne veut pas dire obligation, qui ne serait pas utile. Les tirés au sort pas intéressés, seraient remplacés par d'autres tirés au sort.
Sarah Pergentini 17/04/2024
mais on en revient au même problème : s'ils ne sont pas obligés, ne resteront que ceux qui veulent bien, et donc les mêmes que ceux qui participent à la démocratie participative. un tirage au sort ne fonctionnerait que si l'on est obligé de participer. cf la convention citoyenne sur le climat : il a été très difficile de trouver des représentants de certains groupes sociaux réfractaires à la participation, avec au final il me semble une surreprésentation des profs.
Sarah Pergentini 17/04/2024
c'est pour ça que, pour que cela fonctionne, il faudrait je pense beaucoup plus de financements que cités : compensations des salaires perdus/de l'opportunité perdue (que faire des études empêchées et des pertes d'opportunités subséquentes en termes de salaires ?), prise en charge du logement, de la garde d'enfants, des aides à domiciles pour les élus qui étaient aidants... on connaît déjà les difficultés liées au tirage des jurys d'assises...
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !