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María López-Izaguirre : les combats des sans-papiers

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Dans un contexte de chômage élevé et de reprise fragile, la pression sur les salaires est forte. María, travailleuse immigrée, se bat pour ses - maigres - droits sociaux.

"Ce n’est pas ça, le rêve américain", soupire María López. Cette femme de ménage de Houston abat ses trente heures durant les cinq soirs de la semaine et gagne 900 dollars (692 euros) par mois. Peu après le retour à la maison de sa fille Shiomara et de son conjoint Gastón, la quadragénaire file au boulot. Elle s’échine à nettoyer les toilettes et les sols de 22 étages de bureaux hébergeant des multinationales du pétrole et de la téléphonie. Privée de vie de famille, de voyages, de sorties, cette Mexicaine sans papiers n’a pas l’impression d’être "traitée comme un être humain".

Car elle vit la peur au ventre, sous la menace d’une expulsion qui peut séparer la famille à tout moment : elle et Gastón sont en situation irrégulière, mais leur fille, née aux Etats-Unis, est de nationalité américaine. A cette angoisse s’ajoute l’exploitation. "En juin dernier, quand mon contrat de travail avec la société de nettoyage où je travaille est arrivé à expiration, témoigne María López, l’employeur m’a annoncé, ainsi qu’à mes collègues, que si nous voulions qu’il soit renouvelé, nous devions accepter la suppression de l’ensemble de nos avantages sociaux." Qui sont plutôt maigres. Avec plus de cinq ans d’ancienneté, María bénéficie juste d’une assurance santé payée par son employeur et de deux semaines de congés rémunérés. Et pas de plan d’épargne retraite.

Pour conserver ces acquis (rares dans le secteur du nettoyage, non couvert par le National Labor Relations Act, la loi de 1935 encadrant le dialogue social) et pour obtenir un dollar d’augmentation sur quatre ans, María s’est mise en grève un mois cet été avec ses collègues de la Service Employees International Union, l’un des principaux syndicats des services américains, menant la campagne Justice for Janitors ayant inspiré le film de Ken Loach Bread and Roses. Ils ont obtenu gain de cause. "Les patrons savent que tout le monde n’est pas disposé à faire ce travail très dur pour 8,35 dollars de l’heure. Ils étaient obligés de tenir compte de nos revendications", commente la migrante devenue syndicaliste. Elle a emmené sa fille aux manifs pour "lui montrer comment on défend ses droits et lui donner envie de faire mieux que nous".

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