Narconomics. La drogue, un business comme les autres ?

par Tom Wainwright De Boeck Supérieur, 2017, 282 p., 22,50 euros.

L’auteur, journaliste et économiste, a longtemps couvert l’actualité économique au Mexique et en Amérique du Sud pour The Economist. Il analyse les logiques économiques à l’oeuvre dans le trafic de drogue, exemples et chiffres détaillés à l’appui. Pour lui, la guerre à la drogue telle qu’elle est menée est un échec total. Détruire les plantations de coca punit les paysans, pas les trafiquants : le coût de production d’un kilo de cocaïne est de 2 200 dollars (dont 385 pour le paysan). Son prix de vente dans la rue est de plus de 100 000 dollars. La marge brute est si énorme que les trafiquants sont insensibles aux politiques de destruction des plantations : une de perdue, deux de créées, mieux cachées et plus productives. Leur problème est plutôt l’acheminement. A Ciudad Juárez, principal point de passage entre Mexique et Etats-Unis, en une décennie, des milliers de personnes ont été tuées et le Honduras est devenu le champion du monde des homicides : concurrents, policiers refusant de fermer les yeux, journalistes consciencieux ou citoyens rétifs.

"Si vous avez acheté de la cocaïne en Europe ou aux Etats-Unis, il est certain que vous avez payé pour que quelqu’un soit torturé à mort." Que faire ? S’en prendre moins à l’offre et davantage à la demande, par la prévention et la mise en place d’un marché régulé des stupéfiants, comme en Suisse pour l’héroïne, ou en Nouvelle-Zélande pour les drogues chimiques. Cela se discute, mais le livre donne à réfléchir.

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