Éditorial

Des questions essentielles

2 min

Pourquoi consacrer ce premier hors-série des Dossiers d’Alternatives Economiques à l’aide à domicile ? D’abord parce que ce secteur rend de multiples services et crée de nombreux emplois. Mais là n’est pas la seule raison : si l’aide à domicile nous a semblé un bon sujet, c’est aussi qu’elle conduit à s’interroger sur les finalités mêmes de l’activité économique.

On sait désormais qu’il va nous falloir impérativement changer de modèle pour inscrire enfin nos sociétés dans les limites écologiques de la planète. Reste à faire de cette contrainte une opportunité et accepter de se poser à nouveau les questions essentielles : pourquoi travaillons-nous ? Quels types de biens et de services sont les plus utiles ?

Dans cette perspective, l’aide à domicile, en permettant aux personnes âgées en perte d’autonomie ou aux personnes en situation de handicap de vivre mieux, constitue clairement une des briques de ce nouveau modèle économique et social à construire. Les besoins sont là. Les emplois générés sont assurés par et pour les personnes qui vivent sur les territoires.

Reste qu’au vu des difficultés qu’il rencontre pour bien remplir ses missions, ou encore aux conditions de travail et de rémunération qui y prévalent, le secteur est encore loin de constituer une préfiguration de la société dont nous rêvons.

De fait, pour trop de décideurs encore, l’aide à domicile, c’est d’abord un gisement d’emplois, via le développement de services à bas prix pour les ménages aisés, dont la consommation est soutenue à coups d’exonérations fiscales et sociales. L’aide à domicile qu’il nous faut développer est tout autre : elle propose des services de qualité, assurés par un personnel à la qualification reconnue. Elle prend en charge les personnes qui ont de réels besoins, quels que soient leurs revenus.

Tels sont les termes de l’alternative : une société qui s’accommode de ses inégalités au motif qu’elles permettent la multiplication d’emplois sous-payés, ou une société qui assume un haut niveau de redistribution afin d’assurer le bien-être et le bien-vivre de tous.