Opinion

Le cas Renault

2 min
Pierre Alanche administrateur salarié de Renault

L’alliance Renault-Nissan est devenue emblématique. Etudiée dans toutes les écoles de management, elle est l’exemple du redressement d’une entreprise en difficulté et de la synergie entre deux groupes de culture différente. Ce mois-ci, Carlos Ghosn, le patron de Nissan, prend la direction de Renault. Ce changement est annoncé depuis longtemps ; les évolutions des équipes dirigeantes se font par la promotion de cadres issus de l’entreprise et connus de tous ; la séparation des fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général de l’entreprise garantit la continuité. Cette succession a été bien préparée.

De nombreuses questions se posent cependant sur l’avenir. A court terme, quelle sera la stratégie industrielle de l’entreprise et quelles en seront les conséquences sur l’emploi en Europe occidentale ? Avec le lancement de la Logan et sa commercialisation en Europe, le risque a été pris de perturber les équilibres du marché automobile. Cette voie sera-t-elle poursuivie ? La direction de Renault a mis l’accent sur le développement durable, cette orientation sera-t-elle maintenue ? Louis Schweitzer considérait que les représentants des salariés présents au conseil d’administration de Renault " sont un plus pour le conseil. Ils apportent un éclairage différent, ils ont une grande indépendance de jugement "1. Qu’en pense Carlos Ghosn ?

Entre administrateurs salariés, nous nous étions interrogés pour savoir comment remplir notre rôle dans cette circonstance : convenait-il de demander à rencontrer Carlos Ghosn avant le conseil d’administration qui devait le désigner ? " Ce n’est pas une démarche habituelle de demander à un futur directeur général de présenter son programme ", nous avait-on indiqué à l’époque. La démocratie a décidément du mal à entrer dans l’entreprise : malgré tous les discours sur la gouvernance, la crainte persiste que les exigences du débat démocratique réduisent son efficacité. Au fond, les administrateurs eux-mêmes continuent de préférer le despotisme éclairé à la démocratie du conseil. Pourtant, les membres des conseils d’administration ont vocation à contrôler les directions.

Les administrateurs salariés, d’origine syndicale, ont une réelle expérience du fonctionnement et du débat démocratiques. Ils peuvent faire profiter de cette expérience les conseils paralysés par le conformisme. Dans une situation telle que celle que va vivre Renault, si les administrateurs salariés peuvent exercer pleinement leurs fonctions, ils contribueront à sortir le conseil d’administration de la routine.

  • 1. Extrait d’une réponse de Louis Schweitzer, lors de l’assemblée générale des actionnaires de 2003.

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