Le climat social se tend

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Le malaise social s'exprime de plus en plus.

Entre 500 000 (selon la police) et un million (selon les organisateurs) de personnes sont descendues dans la rue le 10 mars dernier pour la défense du pouvoir d’achat et des 35 heures. La France n’avait pas connu une telle mobilisation depuis belle lurette. La croissance a atteint 2,3 % en 2004, contre 0,5 % en 2003, selon les comptes nationaux trimestriels publiés par l’Insee1. Or les salaires bruts nominaux n’ont augmenté que de 2,5 % l’an dernier. Tandis que les prix montaient de 2,1 %, ce qui signifie une très légère progression du pouvoir d’achat.Elle intervient après une année 2003 où celui-ci avait, pour la première fois depuis 1996, baissé de 0,3 %, toujours selon l’Insee. Si l’on retire les effets des changements de secteur d’activité et de qualification, le pouvoir d’achat, à postes comparables, a même diminué de 0,8 % en 2003.

La reprise de la croissance n’a cependant pas empêché le chômage d’atteindre 10 % de la population active début 2005. De janvier à décembre 2004, le nombre de demandeurs d’emploi total a augmenté de 139 000, passant de 3 728 000 à 3 860 0002. Dans le même temps, le nombre de titulaires du RMI a progressé de 8,8 %, pour atteindre 1,06 million (en métropole), selon la Caisse nationale d’allocations familiales. Une progression qui s’explique par la situation du marché du travail, mais aussi par la réforme de l’assurance chômage de décembre 2002 qui a raccourci les durées d’indemnisation.

Jugeant les manifestations sur le pouvoir d’achat " tout à fait légitimes ", le Premier ministre devrait lâcher du lest dans la fonction publique, avec une hausse des salaires de 1 % supplémentaire. Le nouveau ministre de l’Economie, Thierry Breton, a également proposé une déduction fiscale spéciale pour les entreprises qui accorderont une prime d’intéressement supplémentaire. Alors que les trois quarts des salariés et 95 % des salariés des entreprises de moins de 50 personnes ne touchent pas d’intéressement, selon le ministère de l’Emploi, il est peu probable que cette possibilité soit exploitée par la masse des entreprises. Le gouvernement a également décidé de supprimer le blocage de la participation (une part des bénéfices que touchent les salariés des entreprises de plus de 50 personnes)

En revanche, le patronat, par la voix d’Ernest-Antoine Seillière, a sèchement rappelé au Premier ministre qu’il ne lui appartenait pas de dicter leur conduite aux entreprises en matière salariale. Il a réaffirmé le principe de la primauté des négociations d’entreprises sur les accords de branche. Or ceux-ci fixent des minimas conventionnels très souvent inférieurs au Smic !

Emploi et salaires sont loin d’être les seuls sujets de mécontentement. La mise en oeuvre de la réforme de l’assurance maladie entraîne une baisse des remboursements de la Sécurité sociale, qui pénalise les plus démunis. S’ajoute à cela une nouvelle flambée du prix du pétrole, sans rapport avec la politique du gouvernement, mais hautement sensible dans l’opinion.

  • 1. Disponible sur www.insee.fr
  • 2. Données comprenant ceux qui cherchent un CDD, un temps partiel ou qui ont travaillé plus de 78 heures le mois précédent l’enquête.

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