Le mystere du capital

par Hernando de Soto Ed. Flammarion, 2005, 302 p., 21 euros.

Au début, on se dit qu’on est encore victime de l’un de ses fous qui professent avoir trouvé la solution magique pour sauver le monde, en l’occurrence le tiers monde. Et puis, on se laisse convaincre par l’approche historique, politique et empirique de ce livre, qui défend la nécessité de développer les droits de propriété au Sud. Dans un style très accessible, Hernando de Soto montre les avantages qu’en retireraient les économies des pays en développement, mais sans tomber dans la vulgate libérale du " y’a qu’à donner des droits aux individus pour qu’ils libèrent leur énergie entrepreneuriale ".

L’économie informelle, celle des trafics, les habitations des pauvres, etc., représentent une masse de " capital mort " nous dit l’auteur, c’est-à-dire sur lequel personne ne détient de titre juridique certain. Ce qui ne signifie pas que leur propriété ne soit pas régulée : Hernando de Soto souligne l’existence des arrangements extralégaux qui codifient précisément les propriétés des pauvres. Il montre alors, à partir de l’histoire des Etats-Unis, que le développement économique ne peut se produire que lorsque le système juridique formel trouve les moyens d’intégrer toutes ces normes informelles. Et parce que " la propriété est une construction sociale ", l’intégration de ces droits dans un système codifié légal est une bataille politique qui ne va pas de soi et qui prend du temps. Certes, comme l’avait noté Marx, un bon régime de propriété peut être aussi un régime d’accaparement des richesses. Mais l’existence d’un effet pervers ne doit pas empêcher d’avancer. Un livre qui mérite débat.

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