Le journal

par Bernard MarisBernard Ed. Albin Michel, 2005, 240 p., 20 euros.

Bernard Maris, plus connu sous le pseudo d’Oncle Bernard dans Charlie Hebdo, nous propose avec Le journal un vrai roman initiatique. On y trouve tous les ingrédients du genre : un héros attachant, Guy Larcher, un jeune journaliste " puceau de roman du grand siècle ", qui " recèle une ambition féroce ", une histoire d’amour, des puissants cyniques et sans scrupules, un délit d’initiés, une certaine affaire " Eurosteam " au Luxembourg, un scandale de moeurs... Bref, une intrigue menée avec brio, des personnages bien campés et des références régulières à l’actualité.

Le livre nous permet non seulement de pénétrer le milieu de la presse, d’y découvrir ses rivalités et ses intrigues, mais aussi de décortiquer son économie. Le magazine qui porte le nom générique du Journal est tenu par la publicité, qui lui dicte ses " couv’" et le pousse à alléger son contenu. Le journalisme d’aujourd’hui répond en effet, selon Bernard Maris, à " une demande captive, indépendante de la volonté des consommateurs ". Grâce à la segmentation du marché, il s’adresse avant tout à des clients, qu’il faut brosser dans le sens du poil, aggravant leur passivité.

Et pourtant, les vocations demeurent, résistent, s’interrogent, dans ce roman très " dix-neuvième " dont les classes laborieuses ne sont pas absentes, incarnées par le personnage de Reine Simbé, immigrée clandestine de son état. Bref, le lecteur trouvera dans Le journal une dénonciation sociale très juste et sans désespoir, qui fait du bien à lire !

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