Les solidarites transnationales

par Guillaume Devin (dir.) Coll. Logiques politiques, éd. L'Harmattan, 2004, 210 p., 17,50 euros.

Loin d’être une suite de contributions sans liens, ce livre propose de dessiner une véritable sociologie des solidarités internationales, qui unissent les structures de la société civile à l’échelle mondiale. Alors que, trop souvent, on se contente de les étudier en ayant recours à la notion de " réseau ". Il s’agit en fait des actes d’un colloque organisé par la section d’études internationales de l’Association française de science politique.

Pour Guillaume Devin, leur histoire remonte au XIXe siècle. Elle a connu des phases d’accélération marquantes, après les deux guerres mondiales et depuis l’essor de la mondialisation des échanges dans les années 70-80. Elles se sont notamment développées en lien avec les institutions et les conférences internationales. Par exemple, le lancement de la campagne de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) contre la faim en 1959 a eu un effet d’entraînement sur la création d’organisations non gouvernementales (ONG) dans plusieurs pays, dont le CCFD en France.

Cet ouvrage émet l’hypothèse que ces solidarités se sont également individualisées, à mesure que les sociétés internationales se sont " resserrées ". Elles ne sont plus seulement interétatiques ou de " peuples à peuples ", ne rapprochent plus uniquement des groupes socioprofessionnels comme avec la Première internationale, au XIXe siècle, mais " mettent de plus en plus l’individu au centre des actions solidaires ". Cette intensification de " l’interdépendance ", selon Emile Durkheim et Norbert Elias, souvent cités par les auteurs de l’ouvrage, " constitue le processus de civilisation ".

Philippe Ryfman propose dans ce cadre une étude très complète, secteur par secteur, des ONG internationales. Il montre qu’elles connaissent une croissance continue de leurs domaines d’activité et prennent de plus en plus en compte la globalisation dans leur action et leur organisation. Au total, de nombreuses contributions de qualité, conclues par Josepha Laroche, qui insiste sur l’enjeu du contrôle démocratique de la mondialisation. Elle rappelle aussi que la densification des pratiques de solidarité ne signifie pas que les individus échappent aux processus d’atomisation et d’anomie.

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