Commerce international : les dossiers qui fâchent

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Les aides à l'aéronautique, le textile chinois et le marché de la banane posent problème.

Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce extérieur, mène actuellement de front trois négociations importantes pour l’Europe. L’enjeu le plus lourd porte sur le contentieux avec les Etats-Unis à propos des subventions accordées par l’Allemagne, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni à Airbus. Depuis que ce dernier a pris la première place dans l’aéro nautique mondiale, son concurrent américain Boeing s’est fait plus agressif. Il attaque aujourd’hui le prêt d’un peu plus d’un milliard de dollars que devrait recevoir Airbus pour aider à financer la recherche de son nouveau projet d’A350, un long courrier de taille moyenne concurrent direct du nouveau Boeing 787 en cours de développement. Les Etats-Unis se plaignent qu’Airbus a bénéficié depuis sa création de 15 milliards d’euros d’aides de ce genre, illégales selon eux au regard des normes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Airbus contre-attaque en indiquant qu’entre les aides fiscales, les contrats militaires et les subventions accordées aux fournisseurs de Boeing, la firme américaine a bénéficié en tout de 23 milliards de dollars de subventions. Les deux parties ont dépassé la date limite du 11 avril dernier qu’elles s’étaient fixée pour trouver un compromis. Les négociations continuent, mais pourraient finir par une double plainte à l’OMC, dont l’issue serait incertaine pour les deux entreprises.

L’Europe doit également trouver un terrain d’entente avec la Chine. Avec la levée, depuis le 1er janvier dernier, des obstacles au commerce de produits textiles, les importations européennes en provenance de Chine ont connu une croissance ahurissante sur les deux premiers mois de l’année : 800 % pour les pantalons, plus de 600 % pour les pull-overs, 300 % pour les soutiens-gorge, etc. Face à des progressions aussi importantes, l’OMC autorise la mise en oeuvre de clauses de sauvegarde, permettant de contrôler les importations. L’Europe pourrait en user d’ici l’été, au grand dam de la Chine.

Enfin, après avoir été condamnée par l’OMC, l’Union européenne doit modifier son régime d’importation de bananes en transformant ses quotas en un tarif douanier. Le niveau de 230 euros la tonne proposé en mars a suscité une levée de boucliers de la part des multinationales de la banane présentes en Amérique latine1 : elles le jugent trop élevé pour compenser l’accès privilégié dont bénéficient les pays d’Afrique et des Caraïbes. Trois dossiers à suivre de près.

  • 1. Voir " La nouvelle guerre de la banane ", Alternatives Economiques n°232, janvier 2005.

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