Epargne : les Français prennent de plus en plus de risques

3 min

Les ménages sont davantage tentés qu'il y a quinze ans par les placements risqués.

Entre 1990 et 2003, le patrimoine financier des ménages* français s’est accru en moyenne de 5,7 % par an, pour atteindre 3 067 milliards d’euros, soit 3 % de leurs revenus, contre un peu moins de 2,5 % en 1990. Si la progression a été faible, elle s’est accompagnée d’une redistribution de leurs placements au profit des actifs financiers les plus risqués .

En 1990, le Français moyen, une fois ses dépenses de consommation et le remboursement de son logement réalisés, se moquait un peu de la rémunération de l’épargne qui lui restait : près de la moitié se retrouvait sur son compte courant à la banque ou sur son livret de Caisse d’épargne. Le changement a été brutal : les dépôts sur ces comptes à court terme ne représentaient plus que 30 % de son patrimoine financier en 2003, l’assurance-vie faisant un bond phénoménal pour devenir la première source de placement de l’épargne financière des Français.

On pourrait interpréter cette évolution comme le développement d’une gestion de bon père de famille : dans les contrats traditionnels, on connaît la rémunération de son contrat d’assurance-vie quand on le signe, il n’y a donc pas de mauvaise surprise possible en fonction de l’évolution des marchés financiers. Un constat renforcé par le fait que la détention directe d’actions cotées à la Bourse a diminué : à peine 3,5 % du patrimoine financier des ménages en 2003.

L’assurance-vie a la cote

En fait, les Français ont été de plus en plus tentés par les placements risqués. Mais, plutôt que de les gérer directement, ils ont préféré recourir de manière croissante aux professionnels de la finance - banquiers, assureurs ou fonds de placement que l’on appelle les " investisseurs institutionnels ". Ceux-ci leur proposent d’acheter des parts de fonds d’investissement, lesquels peuvent placer l’argent qu’on leur confie dans des placements à court terme, à long terme ou en assurance-vie, et dans des actifs plus ou moins risqués. Or, la détention indirecte d’actions par les ménages, du fait de leurs placements par l’intermédiaire de ces investisseurs institutionnels, est passée de 5,2 % de leur épargne financière en 1995 à pratiquement 10 % en 2003, et la tendance est à la hausse.

Quel est le support de placements risqués qui progresse le plus vite ? L’assurance-vie ! Les assureurs ont inventé un nouveau type de contrat qui propose une rémunération variable, fonction de l’évolution des marchés financiers et de la stratégie de placement de l’assureur. Si elle est bonne, vous gagnez, sinon, tant pis pour vous. C’est le client qui porte la totalité du risque dans des contrats " d’assurance " devenus spéculatifs et qui n’assurent plus rien du tout.

Certes, les Français ne sont pas encore au niveau des Britanniques ou des Américains (38 % du patrimoine financier de ces derniers est détenu sous forme d’actions). Mais la dépendance du revenu des Français vis-à-vis des fluctuations des marchés financiers s’accroît.

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !