L'entreprise européenne. La fin du modèle américain

par Donald Kalff Ed. Vuibert, 2005, 238 p., 25 euros.

Depuis une quinzaine d’années, le monde des affaires paraît convaincu de la supériorité du modèle américain : n’est-ce pas l’économie la plus dynamique de la planète, la plus en pointe dans les nouvelles technologies et la plus créatrice de richesses et d ? Aussi n’est-il pas étonnant que son modèle de gestion soit porté aux nues : il faut viser la rentabilité la plus élevée possible des capitaux propres, s’en remettre aux marchés financiers et libéraliser le marché du travail, pour parvenir à acclimater en Europe ce modèle qui marche si bien.

Erreur, s’insurge l’auteur, d’abord professeur de management aux Pays-Bas, puis membre du groupe dirigeant de grandes entreprises (Shell et KLM) et aujourd’hui fondateur d’une entreprise de biotechnologie et consultant. D’abord, le modèle américain ne marche pas si bien que cela et ses performances sont gonflées. Disons-le sans ambages, cette relativisation n’est pas le meilleur du livre ; elle est souvent critiquable. Mais, lorsqu’il entreprend de montrer que le modèle américain, qui contribue à transformer les entreprises en champs de bataille, à surrémunérer les dirigeants et les actionnaires et à ne guère prendre en compte la ressource humaine, est fragile et orienté vers le court terme, il fait mouche.

Aussi, pour lui, le modèle européen (en fait, celui d’Europe du Nord) est-il porteur d’une dynamique bien plus prometteuse : parce que l’entreprise appartient non à ses actionnaires, mais " à ceux qui ont conçu, développé et appliqué le concept entrepreneurial sur lequel elle est fondée " ; parce qu’il développe la coopération autant que la concurrence ; parce que, enfin, il ne donne pas la prééminence aux marchés financiers et à la valorisation des actions. Manifestement, les écoles de commerce, les banquiers et les journaux financiers ne sont guère convaincus : il ne suffira pas d’un livre, aussi informé soit-il, pour inverser la tendance.

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