Le mal-être arabe. Enfants de la colonisation

par Dominique Vidal et Karim Bourtel Coll. Contre-feux, éd. Agone, 233 p., 15 euros.

La lecture de l’ouvrage de Dominique Vidal et Karim Bourtel laisse un sentiment étrange. On est d’abord époustouflé par le nombre de témoignages et le travail d’enquête qui a été réalisé. D’Azouz Begag à Tariq Ramadan, les auteurs ont rassemblé un matériau particulièrement solide, où se reflète ce mal-être vécu par toute une partie de la population immigrée vivant en France, dont la jeunesse en particulier sert de plus en plus de bouc émissaire des maux de la société française. Il est juste de pointer du doigt la façon dont se développe une véritable islamophobie en France.

Mais les auteurs s’effacent sous un tel flot de témoignages (où bizarrement ne figure presque aucune femme), à tel point que l’on finit par perdre le sens de la démonstration et par se demander quelle est leur position, par exemple vis-à-vis de l’intégrisme religieux. S’il est vrai qu’il reste ultraminoritaire en France, on aurait aimé davantage qu’un sibyllin " nombre de problèmes se résolvent ainsi "naturellement" ", suivi d’un témoignage qui indique que la lapidation de la femme adultère n’est plus pratiquée...

Enfin, les racines sociales du malaise ne sont qu’à peine évoquées et la part belle est faite à une partie des acteurs, comme Tariq Ramadan (victime d’une " chasse à l’homme "), qui n’est pas forcément un modèle de progrès.

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