L'autre développement. Le développement socialement soutenable

par Jérôme Ballet, Jean-Luc Dubois, François-Régis Mahieu Ed. L'Harmattan, 2005, 130 p., 12,50 euros.

Parce qu’un développement socialement insupportable peut, hélas, durer longtemps, nos auteurs préfèrent employer le mot " soutenable " pour qualifier un développement acceptable socialement, c’est-à-dire conforme aux " capabilités ", le terme que Sen emploie pour désigner les capacités humaines de chaque personne à faire et à être, à se prendre en charge et à maîtriser son destin. L’approche utilitariste n’est pas adaptée pour déterminer le contenu d’un développement socialement soutenable, car elle postule que, pour assurer le bonheur du plus grand nombre, il peut être nécessaire de sacrifier certains.

D’où le choix d’une approche de type personnaliste, dans la lignée d’un Mounier ou d’un Lévinas. Ce qui explique que les auteurs soient des plus réservés à l’égard d’un développement défini par des organismes internationaux, des experts ou des donateurs, développement qui réduit souvent les capabilités des plus faibles, notamment parce qu’il diminue le seul capital dont ils disposent, leur capital social, ou capacité à nouer des liens sociaux pour surmonter les épreuves. Mais ils montrent aussi qu’accroître le capital social, lorsqu’il ne s’accompagne pas d’une augmentation des revenus, peut alimenter une " éthique du mal " : le renforcement de solidarités communautaires accentue les conflits au sein de la société. Ballet, Dubois et Mahieu prônent donc un " principe de précaution sociale ". La démarche est intéressante, mais abstraite : on aurait aimé qu’ils illustrent leur propos d’exemples réels, de façon à concrétiser le contenu possible de cet " autre " développement, attractif mais encore bien flou.

Voir toutes nos notes de lectures

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !