Salaires : la France pèche par le montant des salaires

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Comparée aux autres pays de l'Union européenne à quinze, la France présente un bilan mitigé.

Faut-il considérer les salariés français comme heureux ou malheureux, au regard de leurs collègues de l’Union européenne à quinze ? L’enquête sur les salaires par branche en 2002, collectés par Eurostat, permet de répondre - en partie - à la question.

Salaires horaires bruts moyens dans les pays de l’Union européenne à quinze en 2002, en euros

Malheureux, ils le sont incontestablement si l’on regarde les montants annuels des salaires bruts, c’est-à-dire avant déduction des cotisations sociales obligatoires (de l’ordre de 20 %) ou conventionnelles (mutuelle, tickets restaurant...). Avec 29 100 euros en moyenne, la France arrive onzième sur quinze. Bien loin des 41 800 euros danois (mais, dans ce pays, les cotisations sociales patronales n’existent quasiment pas et le financement de la protection sociale est principalement assuré par des impôts directs très élevés sur le revenu). Les Britanniques, avec 38 500 euros1, et les Luxembourgeois, avec 38 100 euros, suivent ensuite. Nos cousins belges et nos voisins allemands sont aussi mieux lotis (34 600 euros), tandis que les salariés néerlandais, irlandais, autrichiens, suédois et finlandais touchent entre 33 700 et 31 000 euros. Seuls les salariés italiens (25 800 euros), espagnols (21 100), grecs (18 750) et portugais (13 600) sont encore moins bien payés.

Pas de quoi pavoiser donc, surtout si l’on sait que, en termes de productivité par tête, les salariés français sont placés en deuxième ou troisième position européenne. Seule source de satisfaction : l’écart salarial entre hommes et femmes en France est, après la Suède, le plus faible de toute l’Union européenne à quinze. Les femmes gagnent en moyenne, par heure de travail, 83,4 % de ce que gagnent les hommes, contre une moyenne de 76,8 % pour l’Union européenne et de 69,7 % au Royaume-Uni...

Heureux, les salariés français le sont aussi incontestablement, si l’on regarde le nombre d’heures travaillées par mois (pour un temps plein) : 153 heures. Pas beaucoup moins qu’en Irlande (158), mais nettement moins que dans tous les autres pays de l’ancienne Union à quinze, où l’on travaille entre 164 heures (Danemark) et 186 heures (Portugal).

Heureux également en ce qui concerne les jours de congés payés annuels : presque 31 en moyenne, tandis qu’on se contente de 19,5 jours outre-Quiévrain. Seule l’Allemagne approche le score français, avec 28,8 jours. De quoi attiser la colère de quelques ministres qui voient dans les 35 heures la cause de tous nos maux. Ils auraient tort, cependant, car le salaire horaire brut - qui, compte tenu de la productivité horaire, détermine le coût de production - demeure en France à un niveau plutôt modeste. La France se situe en septième position dans l’Union à quinze (voir graphique), ce qui correspond à peu près à son classement en termes de produit intérieur brut (PIB) par habitant : derrière (dans l’ordre) le Danemark, le Royaume-Uni, l’Irlande, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suède, et un peu devant les Pays-Bas, la Finlande, la Belgique et l’Autriche.

Autre enseignement d’une étude comparative décidément fort riche : l’hôtellerie-restauration et le bâtiment versent des salaires horaires particulièrement faibles en France, avec respectivement 10,91 et 12,25 euros, contre une moyenne de 14,41 pour l’ensemble des secteurs. Faut-il s’étonner qu’il s’agisse aussi de deux secteurs qui ont du mal à recruter ?

  • 1. Tous les chiffres portent sur les salariés à temps plein ou à temps partiel, ces derniers étant alors " convertis " en équivalent temps plein. Ils comprennent les primes, même non mensuelles, comme le treizième mois, les primes d’assiduité, de vacances...
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