La morale face à l'économie

par Bertrand Lemennicier Ed. d'Organisation, 2005, 286 p., 24 euros.

Cette nouvelle collection s’annonçait pourtant prometteuse : de grands auteurs, plutôt libéraux certes, mais honorablement connus et universellement reconnus. Hélas ! elle se déconsidère en publiant un livre que tout éditeur sérieux aurait refusé. Il ne s’agit pas seulement des conclusions auxquelles l’auteur parvient au terme de ses analyses : vive le marché libre des embryons, des organes et des manipulations génétiques, car la régulation par les prix est bien supérieure à toute autre, dès lors que le consentement des demandeurs et des offreurs est assuré. A bas toute législation sur les discriminations, car ces dernières ne font que refléter les préférences des agents qui interviennent sur le marché. Que le commerce des drogues soit libre, que les rues deviennent propriété privée, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ces thèses ultralibérales sont déjà connues. Mais la prétention de leur auteur est de les fonder sur un socle universel qui éviterait d’avoir à prononcer tout jugement moral : chacun a le droit de vendre ce qui lui appartient, dès lors que le consentement des deux parties - l’acheteur et le vendeur - est libre ; toute intervention de l’Etat dans cette transaction est à bannir. L’économie peut avantageusement se substituer à la morale. Une économie qui ignore les effets en retour du comportement individuel sur la société et les hommes qui y vivent : ce qui résulte de l’échange libre est forcément bon pour tous. Consternant. A la poubelle.

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