Le crépuscule des petits dieux

par Alain Minc Ed. Grasset, 2005, 138 p., 9 euros.

Du pur Alain Minc : du brio, des idées à la pelle, des formules tantôt heureuses, tantôt recuites au point de devenir des tics de langage (comptez le nombre de " en surplomb de " ou de " loi d’airain "), des raccourcis tantôt saisissants, tantôt contestables, des affirmations à l’emporte-pièce, aucune référence ou presque. Bref, un livre plaisant et énervant tout à la fois.

Le thème : les élites traditionnelles, celles qui donnaient le ton et faisaient ou défaisaient les dirigeants et l’opinion, sont en train de disparaître. Victimes du populisme, de la sclérose des intellectuels (dont le savoir s’est émietté) et de ce que Minc, rejoignant Alain Duhamel, appelle " l’hyperdémocratie ", celle de l’opinion publique, versatile et sans maître. Une élite de notoriété se substitue à une élite de pouvoir. " Je pense, donc je suis... l’opinion publique ", dit-il dans une formule brillante. Quant à la lumpen-élite, celle des chercheurs, enseignants, écrivains..., elle refuse le réel et se complaît dans " cette idéologie de la régression " qu’est " le refus de la compétition ". Bref, elle déserte le terrain de l’action pour celui de l’idéologie.

La thèse est intéressante. Le problème est qu’elle est fragile et que, sans pousser trop loin, il serait facile de la renverser, avec le même brio, en montrant la montée des experts et des technocrates qui composent l’élite moderne. On comprend qu’Alain Minc, qui se sent membre de la superélite classique - il le dit d’entrée de jeu -, s’inquiète de l’évolution. Mais pourquoi, tel Pharaon, annonce-t-il que les hommes d’influence disparaîtront avec lui ?

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