Histoire de la nouvelle gauche paysanne. Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne

par Jean-Philippe Martin Ed. La Découverte, 2005, 312 p., 20 euros.

Le livre comble un trou. Pour trop de gens, extérieurs au monde agricole, la FNSEA est le syndicat paysan, une puissante machine d’influence capable de mobiliser tracteurs et président de la République. Or, depuis plus de trente ans, des groupes paysans s’efforcent d’infléchir la politique agricole, ils se battent pour une agriculture à la fois plus humaine et de meilleure qualité, refusant la concentration de la production dans des exploitations géantes.

Leur cheminement, qui a abouti à la Confédération paysanne, dont José Bové a été l’emblème, fut complexe. Bénéficiant d’une importante audience dans le monde agricole à la fin des années 60, grâce à la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) et au Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), il s’est émietté dans les années 70, politisé, gauchi (les " travailleurs paysans "), récusant souvent l’organisation au profit d’actions coup-de-poing.

Peut-être grâce au retrait des leaders les plus en vue et à l’arrivée d’une nouvelle génération, ces groupes se sont peu à peu fédérés, pour constituer un syndicat minoritaire, certes, mais influent (de l’ordre d’un tiers des exploitants), soucieux d’alliance avec les consommateurs, les écologistes et les paysans du Sud. On verra comment la FNSEA a tout fait pour le saboter, profitant des passages au sommet de l’Etat de son principal allié et de certains de ses responsables pour supprimer les subventions aux minoritaires. Bref, du soviétisme au coeur d’une société libérale.

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