La domination du monde

par Denis Robert Ed. Julliard, 2006, 346 p., 20 euros.

Denis Robert, vous vous souvenez, c’est ce journaliste qui a écrit deux livres (Révélation$ et La boîte noire, éd. Les Arènes) pour tenter de montrer le fonctionnement partiellement délictueux de la société luxembourgeoise Clearstream, l’un des noeuds de fonctionnement de la mondialisation financière. Quand on a l’impression d’avoir ainsi découvert l’une des clés mafieuses du monde et qu’en dépit de tous ses efforts rien ne change, il y a de quoi devenir fou. Alors Denis Robert a fait un roman de l’incroyable enquête qu’il a menée. Un journaliste, Yvan Klébert, va justement y retrouver un ami psy pour que celui-ci raconte son histoire et prenne le relais de son combat.

La fiction permet tout : de raconter plus librement des choses vécues, d’imaginer le reste. Quand la prose se fait militante et violemment accusatrice du système financier mondial accusé de tous les maux du monde, on décroche un peu. Mais quand on est vraiment dans le roman de l’enquête, il devient très difficile de se détacher d’une histoire fascinante et qui fait froid dans le dos. La compromission des élites financières, politiques et judiciaires du Luxembourg en est l’un des ressorts.

La vie imitant l’art, comme disait Oscar Wilde, la juge d’instruction luxembourgeoise Nathalie Kraus vient d’inculper Denis Robert de diffamation, calomnie et injures, cinq ans après son premier livre, mais quelques jours avant la sortie du roman (voir page 100). Achetez le livre, offrez-le. En plus d’un thriller financier, vous y gagnerez le plaisir d’un coup de canif à un paradis fiscal aux pratiques d’un autre âge.

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