Le capital social. Performance, équité et réciprocité

par Antoine Bevort et Michel Lallement (dir.) Coll. Recherches, série " Bibliothèque du Mauss ", éd. La Découverte, 2006, 330 p., 30 euros.

Bien qu’il s’agisse d’un terme économique, le concept de capital social est apparu sous la plume de sociologues. Pierre Bourdieu, d’abord, qui le définissait en 1980 comme un " réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’interreconnaissance ". Robert Putnam, quinze ans plus tard, le définissait comme " les réseaux, les règles et la foi en l’action collective, qui facilitent la coordination et la coopération pour le bien de tous ". Et il montrait, dans un article fameux (" Bowling Alone ", " faire du bowling en solitaire "), que la montée de l’individualisme aux Etats-Unis, en atténuant le capital social, affaiblit la société civile et, partant, la solidité de la démocratie.

Or, ces deux articles fondateurs sont reproduits dans ce livre : ne serait-ce que pour cette raison, il est donc important. Mais il l’est aussi par la qualité de bon nombre des analyses rassemblées ici et qui permettent d’aller plus loin. Citons en trois. Alain Caillé, d’abord, qui souligne, dans sa préface, que la " ressource principale et spécifique des réseaux, c’est la confiance ". Or comment instaurer de la confiance si chacun soupçonne l’autre de vouloir en faire un usage intéressé (utilitariste), sous forme de capital social ?

Sophie Ponthieux développe la critique qu’elle a résumée dans ce journal (Alternatives Economiques n°244), sous un titre explicite : " Un concept flou ". Et Bernard Perret, dans un excellent papier, souligne que c’est justement lorsqu’il est pensé comme patrimoine, et non comme capital, que le capital social peut produire des effets bénéfiques. Un livre de référence.

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