Le libéralisme américain. Histoire d'un détournement

par Alain Laurent Ed. Les Belles lettres, 2006, 270 p., 21 euros.

Outre-Atlantique, être liberal c’est être en réalité social-démocrate. On nous a dépossédés de notre véritable identité, proteste l’auteur, que l’on qualifierait volontiers d’ultra-libéral s’il ne contestait également ce terme. Aussi entreprend-il de retracer l’histoire intellectuelle de cette dépossession, qui commence en Angleterre, avec John Stuart Mill passant, sous l’influence de sa femme, du libéralisme, qu’il professait avec talent avec Spencer, à l’apologie de l’Etat. Cela ne prend qu’à moitié en Angleterre, mais fort bien aux Etats-Unis dans les années 30, avec John Dewey, Walter Lippmann (avant qu’il ne revienne en partie à de meilleurs sentiments) et, plus près de nous, Rawls ou Sandel et quelques autres.

Heureusement, poursuit-il, il y eut la Société du Mont-Pèlerin et l’arrivée de Mises et, surtout, de Hayek aux Etats-Unis pour relancer le " vrai " libéralisme, attifé par les coucous gauchistes de préfixes péjoratifs (néo-, ultra-), mais qui a dû se rebaptiser " libertarien " pour éviter les confusions. Car le " vrai " libéralisme est " un courant de pensée qui souhaite (...) déréglementer, privatiser, libérer les échanges, faire respecter le droit de propriété et réduire drastiquement le champ d’intervention de la loi et de l’Etat au bénéfice du contrat et de l’auto-coordination par une libre concurrence régulée par le droit. " Même si l’histoire des idées que retrace ce livre est à la fois intéressante et bien informée, l’exaltation du laisser-faire qui le sous-tend paraît singulièrement aveugle aux effets sociaux désastreux qu’il a engendrés.

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