Opinion

Maisons de l’emploi : une fausse bonne idée ?

2 min
Carole Tuchszirer Socio-économiste au Centre d'études de l'emploi.

" J’avais un rêve ". C’est par cette formule que Jean-Louis Borloo est venu clore récemment une journée de travail consacrée à l’une des mesures phare du plan de cohésion sociale : les Maisons de l’emploi. Un projet original et ambitieux, qui vise à mettre un terme à l’éparpillement des acteurs publics et locaux intervenant dans le champ de l’emploi, éparpillement souvent source de multiples dysfonctionnements. Difficile, par exemple, lorsqu’une grande entreprise ferme définitivement ses portes dans un bassin d’emploi sinistré, de mobiliser rapidement les services déconcentrés de l’Etat, les Assedic, l’ANPE, l’Afpa, les collectivités territoriales, pour venir en aide aux salariés licenciés. Et pourtant chacun de ces acteurs dispose sur le terrain d’une véritable expertise. Les Maisons de l’emploi, en regroupant en un même lieu l’ensemble de ces acteurs, pourraient contribuer à mieux gérer, voire sécuriser, les trajectoires professionnelles des chômeurs par une meilleure coordination des actions de tous.

Seulement voilà, cette dynamique commune n’est pas visible sur le terrain, car l’expérience a montré que la coopération entre ces différents acteurs ne se décrète pas. La preuve : seule une trentaine de Maisons de l’emploi fonctionnent à ce jour. Plus inquiétant encore, les réseaux des Assedic et des ANPE rechignent à s’impliquer activement dans ces structures, dont les commandes sont entre les mains des élus locaux. Il y a là, sans doute, de quoi froisser les représentants du service public de l’emploi. Dpoint de vue institutionnel, la loi Borloo n’est d’ailleurs pas dénuée de contradictions. D’un côté, elle prône le rapprochement ANPE-Unedic en leur confiant le pilotage de la politique de l’emploi et la mise en place d’un guichet unique. De l’autre, elle crée les Maisons de l’emploi dont le projet est d’abord porté par les élus des collectivités territoriales. L’ANPE et l’Unedic ont donc privilégié leur rapprochement mutuel dans le cadre de leur convention bipartite, aux dépens de leur collaboration dans les Maisons de l’emploi.

Il faut avouer que deux nouveaux dispositifs de coordination pour améliorer la gouvernance de l’emploi, cela fait beaucoup. Sans doute aurait-il mieux valu consolider le rapprochement ANPE-Unedic avant de mettre en place les Maisons de l’emploi. Qui trop embrasse mal étreint !

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