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Téléphonie mobile : adieu le quatrième réseau

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Censée doper la concurrence, la vente de nouvelles fréquences pourrait en fait renforcer les trois opérateurs.

Presque deux ans et demi après le lancement de l’appel à candidature, le gouvernement semble avoir enterré le mois dernier l’idée d’une quatrième licence dans la téléphonie mobile. L’objectif de l’attribution d’une licence supplémentaire était d’instiller un peu plus de concurrence sur un marché que les trois grands opérateurs, Orange, Bouygues et SFR, semblent se partager sans réellement s’affronter sur les prix. Cet oligopole est régulièrement dénoncé par les associations de consommateurs (voir page 60), et l’arrivée, depuis 2005, d’opérateurs mobiles virtuels n’a rien changé : la quinzaine d’opérateurs virtuels (Virgin, NRJ, Tele2, etc.), dans leur ensemble, n’a pas réussi à atteindre le seuil des 5 % de part de marché. Ces acteurs restent en effet trop dépendants des grands opérateurs pour leur faire de l’ombre : ils n’ont pas de réseau propre et ils leurs achètent des minutes de communication à un prix inférieur de 35 % à 40 % au prix de vente au consommateur. Ce système est trop rigide pour qu’il puisse donner lieu à des offres se démarquant réellement de celles des grands opérateurs. Seule l’arrivée d’un véritable quatrième opérateur semblait en mesure de changer un peu la donne.

Mais le gouvernement s’est montré trop gourmand. Comme pour les trois premières licences, il fallait mettre 619 millions d’euros sur la table pour décrocher la quatrième licence. Le fournisseur d’accès à Internet (FAI) Free, très intéressé, demandait l’étalement du paiement, mais il n’a pas eu gain de cause. Le gouvernement réfléchit désormais à une vente " à la découpe " de la quatrième licence, c’est-à-dire en plusieurs lots de fréquences. Une perspective qui réjouit les trois opérateurs en place, qui cherchent à renforcer leur offre et pourraient rafler une bonne partie des lots. Le gouvernement, qui ne peut cependant totalement jeter aux orties l’objectif initial de l’opération, serait disposé à introduire des critères comme le développement de la concurrence pour l’attribution de ces fréquences. Des conditions qui avantageraient Free.

En attendant, le FAI a proposé aux trois opérateurs en place un accord un peu particulier : Free verserait un montant fixe chaque année à l’opérateur qui accepterait de lui vendre des minutes de communication à leur coût de production, augmenté d’une petite marge. Refus des trois intéressés, qui redoutent que Free réitère sur le marché du mobile ce qu’il a fait sur le marché de l’Internet à haut débit, forçant ses concurrents à s’adapter à ses offres triple play (télévision, téléphone fixe illimité et Internet) à bas prix.

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