Idées

Travail des jeunes : une précarité durable

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L'accès au CDI est semé d'embûches pour la moitié des jeunes : succession d'emplois courts, vacations ou chômage.

Pour les jeunes qui, chaque année, arrivent sur le marché du travail, l’accès direct à l’emploi durable - de type contrat à durée indéterminée (CDI) - relève toujours de la gageure. Mais, avec le temps, comment évolue cette situation ? Les chercheurs du Centre d’études et de recherches sur l’emploi et les qualifications (Céreq) ont examiné les parcours d’emploi entre 2000 et 2005 des 645 000 jeunes en emploi entrés sur le marché du travail en 1998 1. Ils ont étudié à la fois leur statut (temporaire ou pérenne) et la durée d’emploi. Car ce n’est pas la même chose d’occuper un emploi, même temporaire, de façon continue et de naviguer sans cesse entre emplois temporaires et non-emploi (chômage ou inactivité).

Sécurité assurée. L’étude distingue quatre grandes catégories. La première représente à peu près la moitié des jeunes concernés : ils ont décroché leur " bâton de maréchal " et disposent en 2005 d’un emploi permanent depuis au moins un an et demi. Même si cet emploi ne correspond pas forcément à leur niveau de formation ou à leurs espérances de rémunération, cette relation stable à un emploi lui-même durable est le gage d’une insertion sociale, permettant par exemple l’accès au crédit ou au logement.

Le deuxième groupe (17 % des jeunes en emploi) est caractérisé également par l’accès à un emploi durable, mais après une période relativement longue de galère, marquée par du chômage, de l’inactivité ou une succession d’emplois courts. Il s’agit de " faux départs, de sorties de route accidentelles ou de périodes plus ou moins longues de flottement ", écrivent les chercheurs. Toutefois, le virage a été pris et, selon toute vraisemblance, ces jeunes rejoindront assez rapidement le premier groupe.

Précarité, voire inactivité. Les deux autres groupes, en revanche, sont marqués par bien plus d’incertitudes. Le troisième (16 % des jeunes en emploi) est abonné aux emplois précaires, mais durables. La chose peut paraître contradictoire, mais il s’agit pour une part d’emplois publics (contractuels, vacataires), qui dérogent aux règles du droit du travail sur l’interdiction d’employer sous contrat temporaire une personne plus de dix-huit mois d’affilés. Pour une autre part, ce sont des emplois privés, dont l’employeur tourne la loi, ou des formations en alternance. Les personnes qui occupent ces postes à la fois précaires et stables éprouvent un niveau d’insatisfaction élevé et perçoivent des salaires en général moindres que leurs homologues des deux premiers groupes.

Le dernier groupe (18 %) est caractérisé par des emplois discontinus, entrecoupés de périodes de chômage ou d’inactivité. Il s’agit plus fréquemment de jeunes à faible niveau de formation, surtout pour ceux qui passent le plus de temps hors emploi (une petite moitié de ce groupe, pour laquelle l’emploi n’a occupé que vingt-trois mois en moyenne sur les quatre-vingt-quatre observés). On note toutefois parmi ces jeunes une proportion non négligeable d’entre eux ayant un diplôme de l’enseignement supérieur. Pour ce groupe, la sécurisation des parcours professionnels est une vraie urgence.

  • 1. Les 13 % de la " génération 1998 " inactifs ou chômeurs ne sont pas pris en compte.

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