Entretien

Investir dans l’agriculture

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Arze Glipo directrice d'Integrated Rural Development Fund (IRDF)

Arze Glipo dirige l’organisation non gouvernementale Integrated Rural Development Fund (IRDF) aux Philippines. Cette association, partenaire du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) en France, défend les petits paysans.

Quelles sont les conséquences de la crise alimentaire aux Philippines ?

Entre janvier et mai 2008, le prix d’un kilo de riz a augmenté de presque 50 %. Dans les villes, de plus en plus de personnes s’approvisionnent auprès des points de distribution mis en place par le gouvernement, où est proposé du riz subventionné à moitié prix. Les agriculteurs, qui représentent près de la moitié de la population et figurent parmi les plus pauvres, sont également touchés et voient leur revenu baisser.

Pourquoi les agriculteurs s’appauvrissent-ils alors que les prix des produits agricoles augmentent ?

La majorité des agriculteurs sont de petits paysans dont la surface cultivée est petite et faiblement productive. Pour toucher un revenu, ils ont vendu toute leur récolte l’an dernier à des prix à peine plus élevés que l’année précédente et doivent à présent s’approvisionner sur le marché aux prix forts pour pouvoir se nourrir. Leur revenu est également entamé par l’achat des intrants (engrais, pesticides, etc.), dont les coûts ont fortement augmenté, en suivant les prix du pétrole. Les vrais bénéficiaires de la hausse des prix agricoles sont les firmes agroalimentaires. Ces entreprises ont été favorisées par la libéralisation de l’économie du pays. Aujourd’hui, notre pays doit importer 15 % de sa consommation de riz, faisant de nous le premier importateur de riz au monde.

Quelles pourraient être les solutions ?

Pour pallier la crise actuelle, le gouvernement devrait attribuer des subventions aux agriculteurs pour qu’ils puissent acquérir les intrants moins chers. Il devrait aussi intervenir sur le marché pour réguler le prix du riz. Plus globalement, il est important que l’Etat investisse dans l’agriculture plutôt que d’augmenter les importations. Par exemple, le système d’irrigation est obsolète et 1,3 million d’hectares supplémentaires pourraient être irrigués si on investissait. Par ailleurs, il faut arrêter d’encourager la production d’agrocarburants. Si le pays investissait suffisamment dans l’agriculture, cela permettrait une hausse de la productivité, et donc de la production. On peut viser l’autosuffisance.

Propos recueillis par Claire Alet-Ringenbach

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