L’OCDE fait son autocritique
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L’OCDE vient de publier un passionnant rapport intitulé "Croissance et inégalités". Deux enseignements majeurs s’en détachent : en premier lieu, les inégalités ont augmenté dans les trois quarts des pays de l’OCDE depuis vingt ans ; en second lieu, "l’accroissement des inégalités est en grande partie lié au marché du travail".
A tout lecteur des travaux de l’OCDE, une question s’impose : les résultats aujourd’hui constatés ne sont-ils pas la conséquence des préconisations constamment avancées par celle-ci ? Énoncées dès les années 80, elles ont pris une forme systématique en 1994 dans l’Etude sur l’emploi. Sur cette base, l’OCDE a promu une stratégie pour l’emploi sans ambiguïtés : accroître la flexibilité du temps de travail et des coûts salariaux, éliminer les obstacles à la libre gestion de l’emploi par les entreprises, réviser les systèmes d’indemnisation du chômage qui portent atteinte au bon fonctionnement du marché du travail et décentraliser la fixation des conditions d’emploi et de rémunération. Déjà en 2006, l’OCDE avait réévalué cette stratégie et reconnu que les pays du nord de l’Europe obtenaient d’aussi bonnes performances que les pays anglo-saxons en matière d’emploi avec des systèmes de protection sociale qui réduisaient les inégalités et l’exclusion. Le nouveau rapport va plus loin dans l’analyse des mécanismes qui engendrent la pauvreté et les inégalités. Il montre aussi que les politiques fiscales et sociales redistributives ainsi que le développement des services publics sont des moyens efficaces pour les combattre.
S’agit-il implicitement d’une autocritique ? Il faut d’abord rappeler la vieille rivalité qui oppose le département chargé des questions économiques et celui qui traite de l’emploi et des questions sociales. Le premier avait reçu la haute main sur l’Etude sur l’emploi, le second a produit le rapport sur les inégalités. Mais l’essentiel est que l’OCDE ait choisi dans le contexte actuel de diffuser un message d’une telle force politique. Décidément, l’hégémonie de l’économie orthodoxe traverse une passe difficile !
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