Croissance : la tempête continue...

2 min

Malgré les mesures de relance déjà annoncées, le PIB devrait reculer de 2,1 % au premier semestre. Et le chômage bondir.

La dernière Note de conjoncture de l’Insee n’incite guère à l’optimisme. L’Institut a de nouveau révisé à la baisse ses prévisions économiques. Et pas qu’un peu : l’Insee prévoit désormais une baisse du PIB de 1,5 % au 1er trimestre 2009, et encore de 0,6 % au second. Officiellement, le gouvernement mise de son côté sur une baisse de "seulement" 1,5 % sur l’ensemble de l’année. Visiblement, l’Insee n’y croit guère, même si ses prévisions s’arrêtent au milieu de l’année...

En cause, tout d’abord, la très violente contraction de la production manufacturière (- 7,6 %) observée au dernier trimestre 2008, un niveau sans précédent depuis trente ans. Ce coup d’arrêt est dû à des efforts massifs de déstockage de la part des entreprises : ils ont coûté 0,9 point de PIB fin 2008. Et l’Insee anticipe la poursuite de ce mouvement au premier trimestre. Parallèlement, les exportations continueraient de reculer fortement du fait de l’effondrement du commerce mondial, avec - 5,8 % au premier trimestre. Du coup, le commerce extérieur aurait lui aussi un impact très négatif sur l’activité : - 0,5 point de PIB sur les trois premiers mois de 2009. Entre capacités inutilisées, avenir sombre et financement difficile, l’investissement des entreprises baisserait lui aussi de 5,1 % au premier trimestre. D’où une croissance fortement négative, malgré une consommation des ménages qui continuerait, elle, à augmenter faiblement.

Les effets sur l’emploi sont désastreux. Après avoir déjà perdu 135 000 emplois en 2008, le secteur concurrentiel devrait en perdre de nouveau 364 000 au seul premier semestre 2009. Et le chômage, après avoir augmenté de 187 000 personnes au quatrième trimestre 2008, devrait encore bondir, avec 280 000 chômeurs de plus d’ici à juin. Sensiblement moins cependant que le nombre d’emplois détruits. Une différence due en particulier au fait que la population âgée de 15 à 59 ans va de nouveau diminuer au cours de ce même semestre. Des chiffres impressionnants qui expliquent l’angoisse qui s’est notamment exprimée lors des manifestations du 19 mars dernier.

Ces prévisions intègrent les mesures de relance déjà annoncées. Elles justifient donc pleinement l’opinion de ceux - nombreux et pas seulement à gauche - qui les considèrent comme largement insuffisantes. C’est probablement ce qui explique la violence avec laquelle le président de la République s’en est pris à l’Insee le 20 mars dernier, lors d’une conférence de presse (voir www.elysee.fr, puis "Elyséethèque" et "Conférences de presse"). Ce qui pose une fois de plus la question de la protection de l’indépendance de cet Institut et souligne l’urgence de le soustraire à la tutelle du gouvernement.

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !
Sur le même sujet