Conjoncture : la reprise est-elle solide ?

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Septembre a confirmé les bonnes nouvelles du mois d'août, mais l'incertitude demeure sur la pérennité de la reprise.

La récession aura été plus courte que prévu. En août, on apprenait que la production avait déjà rebondi en France et en Allemagne. Et septembre a amené une nouvelle moisson de " bons chiffres " aux Etats-Unis : permis de construire, ventes de détail et production industrielle ont progressé au-delà de ce qui était pronostiqué, laissant entrevoir également la fin de la récession outre-Atlantique.

Cette reprise est-elle solide ? Pour l’instant, l’embellie s’explique surtout par les plans de relance des gouvernements. En particulier les primes à la casse en France et dans de nombreux pays, dont l’Allemagne et les Etats-Unis. A elle seule, cette mesure expliquerait la moitié du rebond de la production industrielle en France et la totalité en Allemagne, d’après Natixis. Or, on sait d’expérience que ce genre de coup de pouce ne fait pas réellement vendre plus de voitures, mais incite simplement les ménages à avancer leurs achats. La prime est vouée à s’éteindre progressivement l’an prochain en France et s’arrêtera dès la fin de l’année en Allemagne. Les lendemains de fête risquent donc d’être difficiles... Autre facteur temporaire : la reconstitution des stocks des entreprises, après le déstockage massif enregistré au plus fort de la crise.

En fait, on ne voit pas bien ce qui pourrait soutenir l’activité à la place de cette prime. La consommation des ménages ? Pour eux, la crise n’a pas encore atteint son paroxysme. L’économie continue de détruire des emplois, même si c’est à un rythme moins affolant qu’au début de l’année. Le chômage va poursuivre sa progression en 2010 (voir page 18). Peu probable dans ces conditions que les ménages délient les cordons de leur bourse, d’autant que les banques ne leur accordent que difficilement de nouveaux prêts. De plus, l’effet positif des baisses de prix sur leur pouvoir d’achat va lui aussi s’estomper avec la remontée des prix du pétrole (voir graphique page 17).

Les entreprises sont elles aussi en panne de crédits. Les banques se défendent en arguant que les bons clients ne se bousculent pas aux guichets. Et il faut bien reconnaître que l’heure n’est pas à la relance des investissements, alors que les capacités de production restent largement sous-utilisées et que la demande n’est pas au rendez-vous.

Quant à l’Etat, il a déjà tiré la plupart de ses cartouches. Certes, l’investissement public va prendre le relais des mesures type prime à la casse, mais l’effet des plans de relance va s’estomper l’an prochain. Pire : certains gouvernements, comme en Espagne, préparent à un tour de vis budgétaire. Au-delà, la grande inconnue reste l’évolution de l’euro face au dollar. Redescendu à 1,25 dollar début mars, il se rapprochait dangereusement du 1,50 dollar fin septembre. La faiblesse du dollar aide les Etats-Unis à sortir de la crise, mais la zone euro risque, une fois encore, d’en faire les frais.

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