Idées

Précarité : l’insécurité touche un quart des salariés

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La fragilité de l'emploi ne relève pas seulement de la nature du contrat, mais aussi des conditions de travail.

Selon l’enquête " Conditions de travail ", plus d’un salarié sur quatre occupait en 2005 un emploi précaire ou instable : 27 % précisément. On peut penser que, depuis cette date, la proportion n’a sans doute pas beaucoup changé : peut-être même, avec la crise, a-t-elle empiré. Qui sont ces salariés qui se demandent chaque matin, ou presque, de quoi le lendemain sera fait ?

Supplétifs de l’emploi

Une première catégorie, qui représente 10,1 % de l’ensemble des salariés, est constituée des salariés en contrats temporaires : CDD, mais aussi contrats saisonniers ou contrats d’apprentissage. Non contents de devoir occuper, faute de mieux le plus souvent, des emplois temporaires, l’enquête montre qu’ils sont également plus souvent contraints de se plier à des horaires variables (32 %, contre 27 % pour l’ensemble des salariés). Ils déclarent en outre souvent " manquer de soutien ou d’échanges avec leurs collègues ". En clair, considérés par ces derniers comme des salariés de passage, voire des supplétifs de l’emploi, ils ne sont pas vraiment intégrés dans l’entreprise.

Chez les intérimaires (2,2 % de l’ensemble des salariés), le point dominant est qu’ils sont nombreux à ignorer quels seront leurs horaires de travail de la semaine suivante ou même si leur mission se poursuivra. Leur autonomie dans le travail est des plus limitée au regard de celle dont disposent les salariés permanents exerçant dans l’entreprise des tâches analogues. Comme les travailleurs à contrat temporaire, ils ont peu d’échanges avec leurs collègues " permanents ".

Répartition des salariés selon leur situation d’emploi en 2005, en %

Volant de régulation

La troisième catégorie regroupe 4,4 % des salariés : il s’agit de ceux qui, quoiqu’en CDI, sont en sous-emploi parce qu’ils souhaiteraient travailler davantage que ce n’est le cas. Ils ne jouent pas un rôle de supplétifs, comme les deux catégories précédentes, puisqu’ils font partie de l’effectif permanent, mais ils servent de volant de régularisation, pour adapter les effectifs aux fluctuations de la demande ou à la disponibilité des autres salariés. De ce fait, 39 % d’entre eux ont des horaires variables d’une semaine à l’autre, et déclarent manquer souvent de moyens pour effectuer leur travail (70 %).

Enfin, 9,8 % des salariés, bien qu’en CDI eux aussi, déclarent craindre pour leur emploi dans l’année à venir. Ces salariés fragilisés sont souvent des ouvriers travaillant dans des activités industrielles exposées à la concurrence étrangère. On leur demande de travailler dans l’urgence, de passer de façon imprévue d’une tâche à l’autre, bref de faire preuve de réactivité s’ils veulent ne pas perdre leur emploi. Aussi se plaignent-ils bien plus fréquemment que les autres salariés de pénibilités physiques importantes, d’exposition à un risque professionnel et de tension au travail.

La fragilité de l’emploi n’est donc pas liée exclusivement à la nature du contrat de travail, mais dépend aussi des conditions dans les-quelles il s’effectue : la pression concurrentielle concourt autant que les emplois temporaires à créer un sentiment de précarité. On notera que 41 % des jeunes de moins de 30 ans occupent des emplois de ce type, mais aussi 44 % des salariés travaillant dans les services aux particuliers.

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