Éditorial

A mi-parcours

3 min

Nicolas Sarkozy a désormais effectué la moitié de son mandat. A l’inverse de ses prédécesseurs, qui prenaient argument de contraintes qui les dépassaient pour justifier leur impuissance, l’actuel président de la République n’a cessé d’affirmer sa capacité à agir pour résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté.

Cette posture lui a d’abord permis d’être élu. Depuis, il demeure toujours en campagne, multipliant les promesses et les initiatives. De quoi saturer l’espace médiatique : trop occupés à commenter la prochaine réforme annoncée ou le dernier débat lancé, les journalistes en oublient d’évaluer si les promesses d’avant-hier ont été tenues et si les réformes d’hier ont produit les effets escomptés.

Revenons au printemps 2007. Le candidat Sarkozy affichait alors sa volonté de " récompenser le travail " en exonérant d’impôt les heures sup’, en offrant un RSA aux travailleurs pauvres et, surtout, en diminuant la fiscalité sur les revenus et le patrimoine des plus aisés. De quoi accélérer la croissance et permettre d’élever le pouvoir d’achat, de diminuer le chômage, et de réduire les déficits publics d’autant qu’on allait tailler dans les effectifs de la fonction publique.

Deux ans et demi plus tard, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La crise est passée par là, mais pas seulement. Au-delà du débat sur les raisons de son échec, on aurait attendu de ce Président volontariste qu’il s’adapte aux circonstances.

Eh bien non. Nicolas Sarkozy demeure droit dans ses bottes. Les inégalités augmentent ? Le nombre d’allocataires de minima sociaux progresse ? L’économie détruit des centaines de milliers d’emplois ? Pas question de toucher au bouclier fiscal ni au dispositif heures sup’. Pire, on distribue 2,5 milliards d’euros aux restaurateurs, on valide les dépassements d’honoraires des médecins... Sans doute pour résister à la concurrence chinoise !

On ne reprochera pas à Nicolas Sarkozy l’ampleur des déficits : elle a permis d’éviter une récession plus forte encore. En revanche, prétendre revenir à l’équilibre sans remettre en cause les cadeaux fiscaux accordés hier aux plus aisés ni élever les cotisations sociales n’est pas responsable. Car la reprise, si elle se concrétise, sera lente. La baisse des déficits va donc être acquise en coupant dans les budgets sociaux, tout en continuant de réduire de façon mécanique le nombre d’enseignants ou d’infirmières. Une logique que même la Cour des comptes conteste désormais.

Avec la crise, une demande pour plus de collectif s’est fait jour. Pour être solidaire de ceux qui sont victimes de la conjoncture. Pour mieux préparer l’avenir. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Nicolas Sarkozy s’y refuse au-delà de quelques discours convenus. Il préfère emprunter aux plus aisés les sommes qu’il leur a redistribuées, tout en coupant dans les fonctions collectives qui assurent la cohésion sociale. Jusqu’à quand ?

À la une