Changement climatique  : un échec à relativiser

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Courtermisme, défaut de gouvernance mondiale et inégalités expliquent la déception de Copenhague. Mais tout n'est pas perdu.

Le seul résultat tangible du sommet de Copenhague aura donc été une déclaration affirmant la nécessité de limiter la hausse des températures à 2 °C. Pas l’ombre d’une précision sur les moyens d’y parvenir. La définition des engagements des uns et des autres a été repoussée à ce mois. Le projet d’Organisation mondiale de l’environnement (OME), cher à Nicolas Sarkozy, demeure dans les cartons. Et si un nouveau traité voit le jour, ce sera au mieux lors de la conférence de Mexico, fin 2010.

Cet échec doit cependant être relativisé. Les chefs des Etats les plus puissants de la planète étaient là, car ils voulaient tous être sur la photo, compte tenu de l’importance de l’enjeu. Mais leurs positions de départ étaient trop éloignées pour aboutir à un accord. N’oublions pas qu’il y a un an encore, le discours officiel des Etats-Unis était qu’il n’y avait pas de problème climatique. De son côté, l’Inde refusait encore en novembre dernier tout engagement au nom de son droit au développement.

L’humanité a du mal à faire face aux menaces globales pour trois raisons. La première tient au temps du politique. Pour nos dirigeants, l’important, c’est la prochaine élection. Au-delà des mots, prendre des mesures fortes au nom d’une menace lointaine - même certaine - suppose d’y être fortement poussé par l’opinion publique ou par de puissants intérêts. Or, l’opinion publique est versatile : prête à s’émouvoir devant un ours en détresse sur son iceberg, elle râle quand on lui impose une taxe carbone. Quant aux puissants intérêts, ils poussent plutôt en sens inverse, hormis quelques assureurs qui redoutent les catastrophes climatiques qui vont leur coûter cher et les producteurs d’énergies renouvelables.

La seconde raison tient à l’espace du politique. Il n’existe pas de gouvernement mondial pour coordonner les efforts des uns et des autres. Les Nations unies ont joué un grand rôle dans la prise de conscience, notamment via la mise en place du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mais l’ONU montre ses limites dès qu’il faut prendre des décisions concrètes. Et cela d’autant plus, et c’est la troisième raison, que nous vivons dans un monde inégalitaire. Les pays émergents réclament, à juste titre, le droit de rattraper le niveau de vie des pays riches et leur reprochent, également à juste titre, d’être à l’origine de l’essentiel du stock de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

On serait tenté de sombrer dans le pessimisme, mais il y a quelques raisons d’espérer. La sensibilisation de l’opinion progresse, et pas seulement dans les pays riches, comme l’a montré la mobilisation durant le sommet. La nécessité de lier écologie et lutte contre les inégalités est de plus en plus perçue. Enfin, un nombre croissant de décideurs considère que les gagnants, dans le monde de demain, seront ceux qui auront agi les premiers.

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