Opinion

Finance : l’heure des politiques

3 min
Heather Slavkin conseillère juridique et politique senior, AFL-CIO

Après le chaos provoqué par la crise financière et ses coûts sociaux importants, la question politique clé est comment éviter la prochaine. Aux Etats-Unis, hommes politiques, grandes banques et syndicats sont engagés dans un vif débat sur ce sujet. Deux propositions sont sur la table, l’une que la Chambre des représentants a voté mi-décembre et une autre émanant du Sénat. Il se passera plusieurs mois avant qu’un accord soit trouvé entre les parlementaires. Les propositions en discussion couvrent un vaste champ et j’aborderai quatre priorités.

Nous devons, d’abord, créer une agence de protection des consommateurs contre les pratiques prédatrices de prêts. Elizabeth Warren, professeur de droit à Harvard et à la tête du comité qui supervise le sauvetage des banques, est à la pointe de ce combat. Elle a avoué ne rien comprendre au contrat de sa carte de crédit ! Quand les meilleurs esprits juridiques ne comprennent pas les conditions des prêts, il est clair qu’il faut faire plus pour protéger les consommateurs.

Il faut ensuite que tous les compartiments des marchés financiers de l’ombre, y compris les fonds spéculatifs, le private equity et les marchés de produits dérivés, fassent l’objet d’une large réglementation. Wall Street gagne beaucoup d’argent dans ces activités et exerce un important lobbying pour échapper à toute régulation. Malheureusement avec un certain succès. La proposition votée par la Chambre est bien moins contraignante que le projet proposé l’été dernier par le gouvernement Obama et inclut des exemptions qui permettraient d’opérer en dehors du nouveau cadre réglementaire. Des exemptions dangereuses, car elles laissent la porte ouverte à des manipulations des marchés et rendent impossible d’avoir une vue claire des menaces systémiques.

La surveillance et la maîtrise de ces risques systémiques doivent être confiées à une autorité centralisée, disposant de ressources humaines, financières et de suffisamment d’expertise pour comprendre les évolutions du système financier et être à même d’intervenir rapidement et de manière indépendante. Pour cela, il faut soit modifier la gouvernance de la banque centrale, les banques se régulant elles-mêmes dans ses représentations régionales, soit créer une nouvelle agence. Le pouvoir du gouvernement de saisir des institutions financières non bancaires dangereuses, de lessiver les actionnaires non prioritaires et de dissoudre les établissements doit être accru.

Enfin, une taxe doit être imposée sur les transactions financières spéculatives. Cela incitera les investisseurs à retenir un objectif de création de valeur à long terme au lieu de tirer bénéfice de la volatilité de court terme des marchés.

La tâche de réformer le système financier américain est complexe et prendra du temps. Nous ne sommes qu’au début du processus. Nous pousserons pour qu’aux Etats-Unis la réglementation finale protège à la fois les consommateurs contre les prédateurs et le système d’une nouvelle crise. Cela prendra du temps, mais le changement est lancé.

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