Conjoncture : l’Europe à la traîne

3 min

Le monde devrait renouer avec une croissance forte dès 2010, sauf en Europe où l'activité continuera de stagner.

Le monde est sorti de la récession et la croissance mondiale devrait renouer avec un rythme proche de 4 % dès cette année si l’on en croit les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées en janvier dernier. Mais les pays avancent en ordre dispersé.

L’Asie ouvre la marche. Les géants chinois et indien, dont la croissance n’a été que légèrement infléchie par la crise en 2009, devraient renouer en 2010 avec un niveau annuel proche de 8 % en Inde et de 10 % en Chine. Autour d’eux, les nouveaux pays industrialisés d’Asie, Hongkong, Singapour, Taiwan et surtout la Corée du Sud, touchés de plein fouet par la chute du commerce international en 2009, sont repartis de plus belle. Même chose pour les pays du Sud-Est asiatique membres de l’Asean avec lesquels la Chine a créé depuis le 1er janvier 2010 la plus grande zone de libre-échange au monde. Même le vieux Japon devrait profiter de l’embellie asiatique : le FMI lui prédit une croissance de 1,7 % en 2010, nettement plus que sa performance moyenne entre 1992 et 2008.

La reprise des échanges interasiatiques, bien avant le rebond du commerce international, montre que la région est désormais capable d’une dynamique de croissance autonome. Mieux, elle semble désormais pouvoir tirer une partie du monde émergent et en développement. La reprise des économies d’Afrique et d’Amérique latine doit sans doute beaucoup à la locomotive asiatique. Un seul chiffre pour illustrer une tendance que la crise a dû encore accentuée : les ventes du Brésil à la Chine ont bondi de 7 % à 12 % des exportations du pays entre fin 2007 et fin 2008.

Mais les Etats-Unis profitent eux aussi de la reprise mondiale. Le FMI a fortement révisé à la hausse, à 2,7 %, sa prévision de croissance outre-Atlantique en 2010. Le chômage y a d’ailleurs commencé à refluer, repassant sous la barre des 10 %, à 9,7 % en janvier dernier.

Sur le Vieux Continent, au contraire, il continue d’augmenter. L’Union européenne reste la zone la plus sombre du tableau. L’impact des plans de relance s’épuise, la consommation stagne et l’investissement recule toujours. Seul le commerce extérieur contribue positivement à la croissance, mais bien plus faiblement qu’aux Etats-Unis.

Comme au lendemain de la crise de la high-tech de 2001, la zone euro s’engage dans une reprise incertaine et tirée par l’extérieur. Malgré la baisse de l’euro, cette stratégie reste pourtant inadaptée dans une région qui pratique les deux tiers de ses échanges en son sein. En cause, une fois encore, la mauvaise gouvernance économique de la zone euro. Mais la crise grecque, dont les conséquences négatives sur l’activité n’ont sans doute pas fini de se faire sentir, montre combien il reste difficile, malgré l’urgence, de la réformer.

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !