Idées

Modes de vie : comment vont les enfants ?

3 min

Le bien-être des enfants est une préoccupation largement partagée, mais leur situation réelle est mal connue.

Derrière des discours très protecteurs vis-à-vis des plus jeunes, nos sociétés sont loin de toujours leur offrir de bonnes conditions de vie. Un document de l’OCDE intitulé " Assurer le bien-être des enfants " 1 permet de dresser un état des lieux et de comparer la situation dans la plupart des pays riches.

Le lecteur aura tout intérêt à aller directement aux données détaillées. Il évitera les commentaires pour le moins technocratiques, fustigeant la longueur démesurée de l’hospitalisation pour une maternité, ou bien vantant l’apport " cognitif " pour l’enfant de l’allaitement maternel. On retrouve aussi malheureusement dans ce document un discours familialiste, qui connaît un certain regain aujourd’hui, selon lequel il faudrait, par exemple, que l’enfant passe sa première année avec sa mère.

Plongée passionnante

Une fois abstraction faite de ce type d’analyse, les informations livrées sont passionnantes. L’OCDE distingue différentes composantes du bien-être : bien-être matériel, logement et environnement, bien-être éducationnel, santé et sécurité, comportement à risque et qualité de la vie scolaire. Il en réalise une synthèse, qui place les Pays-Bas en tête, le Royaume-Uni et les Etats-Unis en derniers, et la France 14e sur 18 si l’on fait abstraction des anciens pays de l’Est...

Ce type d’indicateurs globaux - eux aussi très à la mode - n’a pas grande portée tant les données rassemblées sont hétéroclites. En revanche, la plongée dans les tableaux présentés vaut vraiment le détour. Ainsi, les pays scandinaves se distinguent par la faiblesse du taux de pauvreté 2 des enfants : de 2,7 % au Danemark à 4,6 % en Norvège. La France (7,6 %) se place juste après. Le Portugal (16,6 %), l’Espagne (17,3 %) et les Etats-Unis (20,6 %) ferment la marche. Cela ne veut pas dire que la vie est toujours facile au Nord de l’Europe : c’est en Norvège et en Finlande que les adolescents de 15 à 19 ans se suicident le plus (avec des taux de respectivement à 10,1 et 12,2 pour 100 000). Les jeunes Français se suicident nettement moins (4,9 pour 100 000).

Une partie des données sont difficiles à interpréter, car elles reposent entièrement sur la subjectivité des personnes interrogées. Ainsi, un quart des enfants appartiennent à une famille qui dit " vivre dans un environnement local médiocre " (bruit, pollution, saleté, etc.). Mais l’appréciation de cette médiocrité peut varier considérablement selon le contexte national. Comment expliquer autrement le fait que 39 % d’enfants vivent dans un environnement médiocre aux Pays-Bas, contre 22 % en Hongrie ?

Données cruelles sur l’école

Enfin, les données sur l’école sont cruelles pour la France. Notre pays se place en milieu de peloton en matière de résultats scolaires, mais c’est l’un de ceux où les écarts de niveaux sont les plus forts. Les pays où les élèves sont les meilleurs (Finlande, Corée et Canada) sont aussi ceux où les inégalités entre enfants sont les plus faibles, parce qu’on fait tout pour aider les plus en difficulté. Les jeunes Français sont en outre parmi ceux qui disent le moins aimer l’école à 15 ans : 11 % des garçons et 13 % des filles, contre 17 % et 21 % en moyenne dans l’OCDE.

  • 1. " Assurer le bien-être des enfants ", OCDE, 2009. Présentation et extraits disponibles sur www.oecd.org
  • 2. Mesuré avec un seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian.

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