Idées

Immigration : les racines des Français

3 min

Une enquête conjointe de l'Insee et de l'Ined éclaire les trajectoires des immigrés et de leur descendance.

Autant les questions d’immigration, d’identité et d’intégration sont omniprésentes dans le débat public, autant l’information statistique sur les conditions d’existence et les trajectoires des immigrés ou de leur descendance est pauvre. L’enquête Trajectoires et origines, dite " TeO ", menée conjointement par l’Insee et l’Ined en 2008, pallie ce manque 1. Elle produit ses premiers résultats (voir aussi page 26), notamment une étude de l’Insee sur les descendants d’immigrés 2.

Rappelons qu’un immigré est une personne née à l’étranger, initialement de nationalité étrangère, et qui est par la suite venue en France où elle a pu acquérir la nationalité française. Un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité française, mais qui peut, à l’inverse, être née en France. En 2008, on comptait cinq millions d’immigrés, soit 8 % de la population française, contre 7 % en 1990. Pour l’année 2006, l’Insee a recensé 3,7 millions d’étrangers, 5,8 % de la population. Mais la part de la population française ayant des racines à l’étranger va bien au-delà.

Français de souche ? Plus on remonte dans le temps, plus cette proportion s’accroît et plus la part des Français dits " de souche " se réduit. Une expression qui n’a d’ailleurs pas grand sens puisque la population " souche " n’est pas déterminée. Si l’on se contente d’une génération, on compte 6,5 millions d’enfants nés en France d’au moins un parent immigré, soit 11 % de la population. Parmi eux, trois millions sont nés de deux parents immigrés. Au total, c’est donc près d’un cinquième de la population qui est né à l’étranger ou de parents eux-mêmes nés hors de l’Hexagone. De Zinedine Zidane à Dany Boon en passant par Nicolas Sarkozy, un grand nombre d’illustres personnages sont immigrés ou directement issus de l’immigration. A noter au passage que 5 des 7 personnalités préférées des Français, selon le dernier sondage du Journal du dimanche (janvier 2010), sont dans ce cas...

L’enquête TeO permet d’en savoir un peu plus sur cette population de descendants d’immigrés, en détaillant les 3,1 millions de 18-50 ans concernés. La moitié d’entre eux a au moins un parent né dans un autre pays d’Europe, un quart en Italie ou en Espagne. En moyenne, ces descendants d’immigrés venus du Vieux Continent sont plus âgés : ils représentent les trois quarts des 46-50 ans, mais 30 % des 18-20 ans. Parmi les autres descendants, un cinquième a au moins un parent né en Algérie, 15 % au Maroc ou en Tunisie et 4 % en Afrique subsaharienne.

42 % des immigrés de 18 à 60 ans ont élu domicile en Ile-de-France, soit deux fois plus que pour l’ensemble des 18-50 ans. Pour leur descendants directs, la proportion est moindre, mais elle demeure de 32 %. Chez les 18-20 ans, 37 % des jeunes franciliens sont issus de l’immigration, contre seulement 7 % dans le Nord-Pas-de-Calais.

Comment s’acquiert la langue française dans ces familles ? 90 % des descendants directs d’immigrés ont appris le français avec au moins un de leurs parents. Pour ceux d’entre eux qui ont des enfants, 99 % leur parlent en français et dans les trois quarts des cas, c’est même la seule langue utilisée dans la famille.

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