Retraites : ça se précise

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Les mesures envisagées affectent surtout les plus faibles : ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont des carrières à trous.

Officiellement, le gouvernement ne dévoilera ses batteries que fin juin, avec le dépôt d’un projet de loi, mais les jeux semblent faits : le gouvernement paraît décidé à repousser l’âge minimal du départ en retraite, actuellement 60 ans, pour le porter probablement à 62 ans. Parallèlement, la durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une retraite à taux plein, qui devait déjà être portée à 41,5 ans en 2020, serait encore allongée à 42 ans en 2025. Tandis que les hauts revenus seraient ponctionnés, pour des montants relativement limités, afin de désamorcer les polémiques récurrentes autour du bouclier fiscal.

Le report de l’âge minimal était en effet, selon le Conseil d’orientation des retraites, l’option qui limitait le plus rapidement les déficits du système de retraite. Mais en période de chômage de masse, ce choix pose de sérieux problèmes : soit les salariés âgés continueront à être généralement chômeurs comme c’est le cas aujourd’hui et il leur faudra patienter deux années de plus à Pôle emploi avant d’accéder à la retraite, soit ils resteront effectivement plus longtemps en emploi et la situation des jeunes, déjà très dégradée, risque encore de s’aggraver sur le marché du travail.

De plus, le relèvement de l’âge minimal est a priori la mesure la plus injuste puisqu’elle consiste à demander aux salariés qui ont commencé à travailler à 16 ans de cotiser non plus 44 ans au minimum, mais 46 ans, alors qu’ils (elles) sont souvent ceux (celles) qui ont eu les conditions de travail les plus difficiles et qui ont l’espérance de vie la plus faible. Certes, en 2003, la CFDT avait obtenu un dispositif particulier pour les " carrières longues ", qui permettait à ces personnes de partir en retraite avant même 60 ans. Ce dispositif provisoire sera vraisemblablement prorogé avec des conditions moins favorables. Mais dans ce cas, les gains financiers pour les régimes de retraite seront aussi moindres qu’annoncés.

A supposer qu’on règle effectivement le cas des " carrières longues ", le plus gros problème que pose cette réforme se situe au niveau de l’autre limite, aujourd’hui fixée à 65 ans. De quoi s’agit-il ? Actuellement à l’âge de 65 ans, il est possible de partir en retraite à taux plein, sans subir ce qu’on appelle une décote, même si on n’a pas travaillé les X années de cotisation nécessaires. Il en a été peu question jusque-là, mais le gouvernement entend probablement porter cette limite à 67 ans. Autrement dit, cette réforme obligera ceux et surtout celles (ce sont majoritairement des femmes) qui ont eu des carrières " à trous " soit à travailler jusqu’à l’âge de 67 ans, soit à se contenter de pensions au rabais s’ils partent avant. La retraite à 67 ans, un grand progrès social...

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