Comptes 2009 : " Alternatives Economiques " renforce son indépendance

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Alors qu'il s'apprête à souffler ses trente bougies, " Alternatives Economiques " voit son activité et ses résultats se maintenir à un niveau satisfaisant, malgré la crise.

Le chiffre d’affaires de la société coopérative qui édite Alternatives Economiques s’est élevé à 6,9 millions d’euros en 2009, en progression de 2 % par rapport à 2008. Une croissance ralentie, mais qui témoigne de la bonne résistance de nos ventes, dans un contexte difficile pour l’ensemble des médias, la crise ayant non seulement entraîné une chute brutale des revenus publicitaires mais aussi une baisse des ventes, comme en témoigne la diminution de près de 6 % du chiffre d’affaires global de Presstalis (ex-NMPP). Cette année encore, l’indépendance d’Alternatives Economiques, le sérieux de ses analyses et son souci didactique ont porté son développement.

Les ventes en kiosque demeurent soutenues

Sur l’ensemble de l’année 2009, nos ventes cumulées en kiosque ont atteint 275 000 exemplaires, soit le même niveau qu’en 2008, la diffusion mensuelle payante dépassant 103 000 exemplaires en moyenne. Notre numéro de mars " Et si on changeait tout ? " a notamment connu un vif succès, avec 30 000 exemplaires vendus en kiosque et une diffusion totale de 114 000 exemplaires. Le maintien de l’activité de la coopérative à un haut niveau et nos efforts pour éviter toute dérive des coûts ont permis de dégager cette année encore un résultat positif, à 288 500 euros après impôt. Bien qu’en baisse par rapport à l’exercice antérieur (346 700 euros), ce résultat demeure satisfaisant, car il a été acquis sans renoncer à une politique de développement ambitieuse. Il demeure cependant fragile : comme nous le rappelons chaque année, la presse est une industrie de coûts fixes. Les ventes de numéros supplémentaires du journal, une fois le point mort atteint, n’entraînent que peu de charges supplémentaires. Elles viennent donc pour l’essentiel nourrir le résultat. Mais cette situation vertueuse peut s’inverser brutalement si les ventes baissent en deçà du point mort : les pertes croissent alors rapidement, contraignant l’entreprise à s’endetter lourdement ou à restructurer ses équipes.

Alternatives Economiques, au-delà du mensuel

L’année 2009 n’a pas été marquée par des changements significatifs dans notre offre. A côté des hors-série de synthèse - Les chiffres de l’économie et L’état de l’économie - et de nos hors-série thématiques, nous avons continué à développer les hors-série pratique, rebaptisés hors-série poche. A signaler le succès de La crise, paru au printemps 2009 et vendu à près de 15 000 exemplaires (une seconde édition entièrement mise à jour est parue en avril 2010). L’économie de A à Z, rédigé par Denis Clerc, a également connu d’excellentes ventes, qui se poursuivent aujourd’hui. Les hors-série poche concourent désormais pour 10 % au chiffre d’affaires de la coopérative.

La diffusion du trimestriel Alternatives Internationales est demeurée à peu près stable, notamment grâce aux offres d’abonnement couplé proposées aux abonnés d’Alternatives Economiques. La nouvelle formule de L’état de la mondialisation, le hors-série réalisé en collaboration par les deux rédactions, a cette année encore connu un vif succès, avec une diffusion supérieure à 23 600 exemplaires. Un hors-série supplémentaire, consacré aux enjeux environnementaux, devrait voir le jour au printemps 2011.

Après avoir fêté ses dix ans l’an passé, la revue L’Economie politique a maintenu sa diffusion autour de 3 000 exemplaires chaque trimestre. Un niveau très satisfaisant pour un titre relativement exigeant. En revanche, La lettre de l’insertion par l’activité économique, lettre destinée aux professionnels de l’insertion et à tous les acteurs des politiques de l’emploi, passée au format numérique en 2008, n’est pas parvenue à trouver les nouveaux abonnés qui auraient été nécessaires pour équilibrer ses comptes.

Parallèlement, nous avons lancé une collection de livres, en partenariat avec les éditions Les petits matins. Ces livres soit redonnent une seconde vie à des textes déjà publiés par Alternatives Economiques, généralement mis à jour et parfois augmentés, soit publient des textes originaux. Ont ainsi été repris Comprendre les économistes, de Denis Clerc, Les grandes dates de l’histoire économique, coordonné par Gérard Vindt, ou le Petit dictionnaire des mots de la crise, écrit par l’auteur de ces lignes et illustré par Gérard Mathieu, dont de larges extraits avaient été publiés dans notre numéro d’été 2009. Côté textes originaux, David Belliard vient de publier Sommes-nous coupables d’être malades ?, en attendant Adieu à la croissance, de Jean Gadrey, qui reprend et développe les textes de son blog, et Les grands noms du management, de Marc Mousli, issu de la série d’articles publiée dans le magazine depuis maintenant trois ans.

Parallèlement, l’équipe dédiée au site www.alternatives-economiques.fr a été élargie, afin d’offrir un suivi permanent de l’actualité économique et sociale en sus de l’offre d’information offerte par nos produits " papier ". Une version entièrement mise à jour du dictionnaire économique et social a été mise en ligne, un travail colossal réalisé par Denis Clerc dans le prolongement du hors-série poche L’économie de A à Z. Nos lecteurs peuvent enrichir ce dictionnaire de manière collaborative. Le nombre croissant de blogs hébergés par notre site contribue enfin à animer le débat économique.

Cent patates !

Qu’allons-nous faire de nos résultats ? Comme toutes les sociétés coopératives de production (Scop), Alternatives Economiques en affecte 40 % à la constitution de réserves impartageables, c’est-à-dire qui appartiennent à l’entreprise, à son projet, comme dans une association à but non lucratif. Ces réserves complètent les capitaux apportés par les salariés de l’entreprise (2 % des salaires sont prélevés chaque mois et convertis en parts sociales). Au total, les fonds propres de l’entreprise atteignent désormais un million d’euros. De quoi renforcer encore l’indépendance d’Alternatives Economiques. A l’heure où une grande partie de la presse d’information générale et politique dépend, pour boucler ses fins de mois, du bon vouloir de puissants établissements financiers, de riches apporteurs de capitaux, voire de la bienveillance du prince ou de ceux qui aspirent à le remplacer, disposer d’une exploitation équilibrée et de réserves en progression nous permet d’assurer notre mission d’information sans avoir d’autre préoccupation que de faire notre métier le mieux possible, afin de répondre aux attentes de nos lecteurs. Des lecteurs qui doivent être ici remerciés, car la bonne santé de notre coopérative tient d’abord à leur fidélité.

Trente ans déjà et de nouveaux défis à relever

Cet automne, Alternatives Economiques va fêter ses trente ans : le premier numéro a été publié en novembre 1980. Une édition spéciale du mensuel, qui sera en même temps le premier numéro d’une nouvelle formule, sera publiée en octobre. Parallèlement, différentes manifestations vont accompagner cet anniversaire. Ces trente ans seront l’occasion, enfin, d’un renouvellement de générations, avec l’arrivée à la tête de la rédaction de Thierry Pech, qui nous a rejoint en début d’année, mais qui, de longue date, comptait parmi les proches de notre coopérative.

Alternatives Economiques est parvenue jusqu’à présent à traverser la crise sans difficultés majeures. Mais la coopérative n’échappe pas aux contraintes qui frappent le secteur de la presse : augmentation des coûts de distribution, concurrence des nouveaux médias gratuits, régression du marché publicitaire. Notre modèle économique devra à terme être refondé. En revanche, le besoin d’éclairer le débat économique et social est plus que jamais au rendez-vous. A nous donc d’imaginer l’Alternatives Economiques de demain !

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