France : pourquoi la reprise sera lente (introduction au dossier)

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En septembre 2008, la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers entraînait le monde dans une crise d’une ampleur sans précédent depuis les années 1930. Deux ans plus tard, la croissance est revenue et le redressement de l’activité économique a même été sensiblement plus important qu’attendu en France et en Europe au deuxième trimestre 2010. On aurait tort cependant d’en conclure que la reprise est solidement installée.

Tout d’abord, la crise que nous avons subie a été d’une telle ampleur que, malgré les bons chiffres récents, ses effets sont encore loin d’être effacés et les niveaux d’avant-crise rattrapés. Même en France, qui a pourtant été un des pays développés les moins gravement atteints. Mais surtout, il y a de bonnes raisons de douter que la situation économique continue à s’améliorer à ce rythme. Aux Etats-Unis, le chômage reste très important, suscitant une inquiétude croissante qui freine la consommation et l’investissement au fur et à mesure que l’effet des mesures de relance budgétaires massives adoptées en 2009 s’atténue (voir page 32). Et il n’est pas sûr que la Réserve fédérale et le gouvernement américain disposent encore des moyens économiques et politiques de contrer efficacement ce nouveau ralentissement.

La croissance spectaculaire de l’économie chinoise avait soutenu l’activité mondiale pendant la phase la plus aiguë de la crise, mais la croissance devrait également ralentir en Chine, parce que les autorités cherchent à maîtriser la spéculation immobilière et l’inflation qui s’accélèrent. Quant aux prix des matières premières, qui avaient baissé avec la récession, ils sont repartis à la hausse avec la reprise, amputant un pouvoir d’achat déjà limité par un coup de frein général sur les salaires. Une hausse qui risque encore d’être aggravée au cours des prochains mois par les effets des récents désordres climatiques sur les prix des produits agricoles.

Les bons chiffres du deuxième trimestre en France et en Europe sont notamment liés à un mouvement temporaire de reconstitution des stocks des entreprises. Et, surtout, ils n’intègrent pas encore pleinement les effets sur l’économie réelle de la crise de l’euro qui a agité le Vieux Continent pendant tout le printemps. Certes, la mise en place d’un fonds de soutien de 750 milliards d’euros destiné aux Etats en difficulté a fini par avoir raison de la spéculation pour l’instant. Mais du coup, tous les pays de la zone euro, et au premier chef les plus attaqués d’entre eux, ont dû accélérer et amplifier leurs programmes d’austérité. Une politique qui ralentira sensiblement l’activité économique au cours des prochains mois, même si la baisse de l’euro aura par ailleurs quelques effets positifs sur les exportations.

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