Opinion

Les emplois jeunes, ça marche !

2 min
Camille Peugny professeur de sociologie à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en -Yvelines, spécialiste de la stratification sociale

La création de 300 000 emplois d’avenir figure en bonne place, avec l’instauration d’une allocation d’études soumise à conditions de ressources, dans le projet socialiste présenté par Martine Aubry. Aubaine pour la droite : le PS ressortirait ses propositions de 1997, serait sans souffle et sans imagination et ne proposerait aux jeunes qu’un assistanat sans avenir. C’est de bonne guerre, mais en la matière, nos amis ministres de l’UMP devraient davantage se tenir au courant des publications de leurs services.

En 2006, la Dares (Direction de l’animation, de la recherche et des études scientifiques du ministère du Travail) a publié une étude dressant le bilan des emplois jeunes du gouvernement Jospin. Elle porte sur les emplois jeunes des collectivités locales, établissements publics et associations, et ses résultats sont plutôt sans appel. Parmi les emplois jeunes de 1999, 86 % sont en emploi dix-huit mois plus tard (dont plus de 85 % d’entre eux en CDI) et 9,9 % au chômage.

Certes, dans l’idéal, il ne devrait pas être nécessaire de créer des emplois réservés aux jeunes, au statut particulier. Ces derniers ne demandent en effet rien d’autre qu’un accès normal au marché du travail. De la même manière, si le chômage des jeunes est si élevé depuis trente ans (en 1983, 25 % des jeunes actifs sortis de l’école depuis un à quatre ans étaient déjà au chômage...), c’est que ces derniers sont victimes d’une dégradation générale du marché du travail. Ils n’en sont donc pas les seules victimes. Les travailleurs seniors (autre âge fragile de la vie) en font également les frais, trop souvent exclus de l’emploi après 55 ans.

On ne résoudra donc pas totalement le problème du chômage des jeunes en ne combattant pas de front les racines d’un mal qu’ils ne sont pas les seuls à affronter, même s’ils le sont dans des proportions alarmantes. En attendant, et si l’on évite deux écueils, ces emplois d’avenir sont indispensables.

Premier écueil : il faudra prendre garde à ce qu’ils profitent également aux moins diplômés, ce qui n’était pas forcément le cas des emplois jeunes. Second point : le volet formation devra être encore renforcé ; si les emplois jeunes ont permis à leurs titulaires de s’insérer ensuite durablement sur le marché du travail, c’est parce qu’ils offraient des possibilités de formation importantes.

A ces deux conditions, les emplois d’avenir seront un moyen d’accès au marché du travail pour 300 000 jeunes. Car contrairement à ce que ressassent certains depuis des lustres, pouvoir travailler, c’est tout simplement ce que veulent les jeunes.

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