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Les ennuis commencent pour Google

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Comme Microsoft avant lui, Google n'arrive plus, malgré des profits élevés, à innover pour prendre le train des réseaux sociaux.

Pour la première fois de son histoire, Google a déçu les analystes et les investisseurs. Ils ont salué d’une baisse de 8 % du cours de son action la publication de ses résultats du premier trimestre 2011. Habitués à voir sa rentabilité monter toujours plus haut, ceux-ci n’ont pas apprécié de la voir légèrement régresser : la marge opérationnelle du moteur de recherche atteint en effet 33 % au premier trimestre, contre un record de 37 % enregistré l’année dernière à la même période. Pas vraiment de quoi s’affoler quand, dans le même temps, le chiffre d’affaires enregistrait une hausse de 27 %.

Investir pour contrer la concurrence

Si les performances de Google se dégradent, c’est parce que l’entreprise intensifie ses efforts d’investissement pour faire face à la concurrence, en particulier celle de son nouveau meilleur ennemi, Facebook. Avec un chiffre d’affaires estimé entre 1,5 et 2 milliards de dollars en 2010, le réseau social fondé par Mark Zuckerberg n’est encore qu’un poids plume face à l’ogre Google et ses 29 milliards de dollars de recettes, mais le moteur de recherche n’a pas su jusqu’ici prendre le virage de l’Internet social, crucial pour son avenir. C’est pourquoi il appuie sur l’accélérateur et augmente ses dépenses de recherche et développement de 50 % pour financer ses projets dans ce domaine : un réseau social basé sur les jeux, dit-on, un service musical multiplates-formes avec des fonctions de partage ou encore un bouton de recommandation disséminable sur le Web, à l’instar du " like " de Facebook.

Le cofondateur de Google Larry Page, de retour aux manettes depuis janvier dernier, a également réorganisé le management de l’entreprise, afin de lui permettre de retrouver son " esprit start-up ". Les dépenses de marketing ont été boostées et tous les salariés augmentés de 10 % fin 2010 pour freiner la fuite des cerveaux vers Facebook ou Twitter.

Gros profits, dépenses de R&D et de marketing qui explosent, panne de l’innovation, fuite des cerveaux : le destin de Google commence de plus en plus à ressembler à celui de Microsoft... jusqu’aux ennuis judiciaires. Microsoft, justement, a porté plainte contre Google en avril dernier auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante. Il reproche notamment au moteur de freiner le référencement du site de vidéos YouTube, sa filiale. Une plainte qui s’ajoute à d’autres. En novembre 2010 La Commission européenne avait déjà ouvert une enquête contre Google pour abus de position dominante, cette fois dans la publicité en ligne.

Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission, le gendarme de la concurrence, s’apprêterait à ouvrir lui aussi une enquête. Tandis qu’une décision de justice a invalidé en mars l’accord signé par Google en 2008 avec les éditeurs, lui permettant de numériser des millions de livres : trop avantageux pour Google a jugé le tribunal, freinant ainsi son projet de bibliothèque géante en ligne. La rançon du succès.

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