Entreprise

Nuages sur le " cloud computing "

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Le piratage de plusieurs réseaux de Sony illustre les faiblesses du cloud computing, l'hébergement distribué.

Depuis avril dernier, le ciel est tombé sur la tête de Sony : le géant de l’électronique japonais a découvert successivement que ses deux grands réseaux permettant de jouer en ligne, le PlayStation Network associé à sa console de jeux, et le Sony Online Entertainment dédié aux utilisateurs de PC, avaient fait l’objet d’un piratage, entraînant le vol potentiel d’informations personnelles et de données bancaires de plus de 100 millions de joueurs.

Panique chez Sony qui a fermé ses réseaux sans crier gare et mis une semaine à s’en expliquer auprès de ses abonnés. Un mois plus tard, Sony n’avait toujours pas complètement rétabli ses services en ligne, ayant découvert à cette occasion d’importantes failles de sécurité. Malgré quelques mouvements suspects sur des comptes bancaires signalés par les joueurs sur des forums, les banques n’ont pas repéré jusqu’ici de tentatives d’utiliser les données volées. De plus, les pirates restent introuvables : s’agit-il des fameux Anonymous, ce collectif de cyber-militants anonymes, qui se sont rendus célèbres en organisant des attaques contre les sites des banques coupables d’avoir gelé les comptes de WikiLeaks ? Les Anonymous ont démenti et le FBI comme Sony continuent de mener des investigations.

Incidents en série

Même si Sony semble avoir agi avec une légèreté coupable en matière de sécurité, cette affaire est révélatrice de la fragilité de ce qu’on appelle le cloud computing, qui est à la base de l’architecture des réseaux de la société japonaise. L’" informatique en nuage " consiste à héberger sur des serveurs distants des données et des traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur l’ordinateur de l’utilisateur. Les entreprises se tournent de plus en plus vers le cloud computing, parce qu’il leur permet de ne plus avoir à gérer elles-mêmes de lourdes infrastructures informatiques et d’avoir accès à la puissance cumulée d’un nuage de serveurs distants interconnectés. 60 % des PME européennes auraient ainsi d’ores et déjà fait migrer une partie de leurs applications dans le cloud, selon une étude de VMware, spécialiste de la virtualisation informatique.

Or, les déboires de Sony avec ses services en ligne ne sont pas isolés. Un peu plus tôt, Epsilon, une société américaine de marketing en ligne travaillant avec de grandes banques avait elle aussi été piratée, et les noms et adresses de plusieurs milliers de clients potentiellement subtilisés. Le libraire en ligne Amazon, pionnier du cloud computing, a quant à lui été victime d’une panne, perturbant ainsi le fonctionnement de plusieurs sites américains dont il hébergeait les données. Si elle se répète, cette série d’incidents, qui révèle la fragilité d’une architecture informatique concentrant les données, pourrait bien doucher l’enthousiasme des entreprises pour le cloud computing.

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